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L’association «Paris, ville-monde» milite pour que de nombreuses artères et places de la capitale soient rebaptisées. Le motif ? Elles porteraient des noms de personnages «sulfureux, réactionnaires ou colonialistes». Une situation «indigne» pour cette association.

Dans le rapport sur la refondation de la politique française d’intégration remis à Jean-Marc Ayrault en décembre 2013, une proposition allait dans ce sens : «Donner de nouveaux noms aux rues et places en écho avec l’histoire des migrations (noms de femmes et hommes illustres, dates d’événements)». TF1

Nous avons accompagné Fanta, Farid et Pedro, militants de l’association, dans leur balade parisienne.

L’association cite souvent en exemple la place Jeanne d’Arc (75001) qu’elle souhaiterait voir rebaptisée et «débarrassée de sa statue» afin «qu’elle ne serve plus d’exutoire à certains courants politiques».

«La mairie de Paris doit faire un effort et oser le changement ! N’a-t-elle pas baptisé un square du nom de Mohamed Bouazizi ? » s’exclame Fanta. Farid veut aller plus loin : «Il ne faut pas hésiter à débaptiser des rues. La rue Richepanse l’a bien été en décembre 2001. Vous imaginez ? un général qui a rétabli l’esclavage en Guadeloupe? » (Blog de Claude Ribbe)[ NDLR Antoine Richepance, (1770 – 1802)] Pedro, venu de Colombie, est encore plus expéditif : «Nous avons un maire de gauche (*). Qu’il le prouve !. Comment peut-on tolérer des rues portant des noms comme Maurice Barrès ?» s’indigne-t-il ? «Un sérieux nettoyage des noms de rue s’impose» ajoute-t-il. Arrivé en France il y a 4 ans et même s’il admet connaitre mal l’histoire de France, il n’en est pas moins affirmatif : «Les noms de rues donnent une vision franco-française de l’histoire complètement dépassée».
Farid, lui, regrette que des anticolonialistes ne soient pas célébrés dans la capitale : Boumediene, Franz Fanon, Hô Chi Minh, Fidel Castro… et renchérit un brin provocateur : «Dire qu’il existe une rue Francis Garnier, le colonisateur de l’Indochine, et une rue Bugeaud, le colonisateur de l’Algérie mais pas une rue Guevara !»

Pour Kevin, les nouvelles populations «de culture et de religion différentes» doivent pouvoir évoluer dans un environnement qui leur est proche. Celui qui leur est imposé «est trop blanc, trop européen, trop chrétien» déclare Fanta.

Pour Pedro, «Paris doit être une ville appartenant aux peuples du monde entier. Ce n’est pas une simple capitale, c’est un symbole». Lorsqu’on leur demande s’ils espèrent voir leurs demandes aboutir, ils sont unanimes. Avec le temps et la «pédagogie des médias», la plupart des personnages ayant une artère à leurs noms deviendront de parfaits inconnus pour la plupart des résidents parisiens. Les changements de noms passeront alors inaperçus. Du moins l’espèrent-ils.
Blog Paris citoyen
(*) L’article a été rédigé avant les municipales [NDLR]

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