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Les intox et canulars à connotation raciste se multiplient. Circulant de réseaux sociaux en envois de courriels, ils sont même parfois relayés sans vérification par des médias. D’où viennent ces hoax ? Qui les fabrique ? Qui les relaie ? Pourquoi telle rumeur s’amplifie, puis s’estompe, pour mieux resurgir quelques mois plus tard ? Candidats et militants du FN en font leurs choux gras. Les sites qui, comme Hoaxbuster ou Debunkers, tentent de les démonter, s’inquiètent. « On ne peut rien faire, il y en a trop », s’alarme de son côté la Ligue des droits de l’Homme. Enquête.

Un outil parfait pour l’extrême droite, qui a su s’emparer de cet outil optimal de diffusion de rumeurs pour lancer ses campagnes de désinformation. « Les identitaires ont une tactique fabuleuse », ironise à ce sujet le fondateur des Debunkers, sous son pseudonyme Sutter Cane. Ce site a été spécifiquement créé il y a un an pour démolir intox et rumeurs venues de l’extrême droite […].
« Quand on essaie de remonter à la source, nous constatons que cela émane toujours d’une galaxie très impressionnante de sites qui font feu de tout bois pour alimenter leur discours de haine des étrangers, explique le fondateur des Debunkers. Cela passe par un travail de récupération des faits-divers en vue de transformer un cas isolé en généralité, dans la tradition classique du discours essentialiste de l’extrême droite ». Mais déformer la réalité ne leur suffit plus. « Comme ils manquent de matière, ils en inventent en partant dans leur délire raciste », explique-t-il.
« Cette utilisation des nouvelles technologies pour diffuser des idées de manières virales relève d’une stratégie délibérée de certains groupuscules, confirme le politologue Stéphane François. Là, nous avons affaire à des personnes qui sont formées, qui font de la veille sur Internet et qui « trollent » à longueur de journées. » Pour ce spécialiste de l’extrême droite, la fachosphère, comme on l’appelle sur Internet, regroupe environ deux à trois mille personnes, qu’il situe politiquement à la droite du Front National. Des groupes fluctuants, mais dont les troupes s’avèrent, d’après ses recherches, relativement stables. « Ils comblent un manque d’effectif par un militantisme accru, qui leur permet sur Internet de démultiplier leurs positions. Derrière plusieurs sites ou blogs, on retrouve souvent un même webmaster. »
[…] Les candidats locaux du FN n’hésitent pas non plus à exploiter à des fins électorales la rumeur des familles noires envoyées par la Seine-Saint-Denis avec la complicité des édiles. A Saint-Quentin (Aisne), dans un tract local que s’est procuré un journaliste de France Télévisions (lire ici), le FN assure qu’« une nouvelle population arrive à Saint-Quentin, malgré les démentis ». Dans l’Allier, Claudine Lopez, secrétaire départementale du FN, s’est illustrée en mai dernier en relayant la rumeur dans un communiqué de presse s’inquiétant d’un possible « accueil de 300 familles venues de Seine St. Denis dans le cadre d’une sorte de plan de délocalisation de population » [9]. « Toutes les rumeurs partent d’une vérité ! », s’est-elle par la suite justifiée.
Bastamag

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