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A la veille des municipales et après une semaine marquée par la succession des affaires, le sociologue Jean-Pierre Le Goff a accordé un long entretien à FigaroVox. Il analyse la profonde crise morale et politique que vit la France.

Ce qui me frappe dans les réactions de Christine Taubira, c’est ce mélange de subjectivité débridée et ce point aveugle de certitude consistant à se croire constamment dans le camp du Bien.

On ne brandit pas la morale contre ses adversaires impunément. La gauche se prévaut d’une supériorité morale en se voulant le dépositaire attitré d’une certaine idée du Bien. Cette prétention s’est effondrée à travers une série d’affaires dont les plus récentes et les plus marquantes ont été l’affaire DSK et l’affaire Cahuzac, mais cela ne l’empêche pas de continuer à faire semblant. […] Quant aux leçons tirées de l’«affaire Taubira»par des commentateurs, elles en disent long sur la façon dont ils conçoivent la politique aujourd’hui: «amateurisme», «manque d’habileté», «erreur de communication, comme si la politique se résumait désormais à des problèmes de management et de communication. Dans ces domaines, les conseillers ne manquent pas et ils font payer très cher leurs prestations avec les résultats que l’on sait… La compétence ou l’incompétence dans le cynisme politicien, telle semble être le nouveau critère pour évaluer la politique dans l’«essoreuse à idées» des grands médias audio-visuels et de nombre d’entreprises de conseils et de communication. […] L’histoire retiendra que pour fêter le bicentenaire de la Révolution française, le président de la République fit appel à un publicitaire pour organiser le grand défilé des Champs Elysées. Le marché, le management et la communication vont être érigés en modèles de référence et la politique n’y a pas échappé. C’est dans ce contexte, qu’ont été formées de nouvelles générations marquées par le culte de l’ego et le modèle du perpétuel gagnant. La droite et la gauche n’y ont pas échappé. […] Si l’on ne reviendra pas en arrière vers un supposé «bon vieux temps», il conviendrait de rompre clairement avec le mélange des genres entre la politique, les affaires et les médias, voire le show-biz. C’est l’une des conditions pour renouer le lien de confiance entre gouvernants et gouvernés. Nous vivons la fin d’un cycle historique ; il est temps de passer à autre chose et d’entamer un long travail de reconstruction. Quel homme politique saura désormais s’élever à la hauteur de ces enjeux ?
Le Figaro

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