Une étude a analysé la totalité des échanges d’or depuis 2001 et remarquer une récurrence dans certaines baisses de prix. Depuis le scandale du Libor, les autorités financières surveillent de près le marché des matières précieuses.
Y-a-t-il eu manipulation sur le cours de l’or ? C’est l’hypothèse d’une étude sur le London Gold Fixing (LGF), le marché de référence qui détermine le cours international de l’once d’or, utilisé par les mineurs, les bijoutiers et les banques centrales et dont le site Bloomberg se fait écho.
Ce sont des structures d’échanges inhabituelles qui ont poussé Rosa Abrantes-Metz, professeur à l’école de commerce Stern de l’Université de New York et Albert Metz, directeur général au service des investisseurs de Moody’s, à faire des recherches.
“La structure du marché conduit certainement à la collusion et la manipulation, et les données empiriques sont cohérentes avec une artificialité du prix”, expliquent-ils dans le rapport, “il est probable qu’une coopération entre participants existe.”
Créé en 1919, le London gold fix est actuellement géré par cinq banques : Scotia-Mocatta, Barclays, Deutsche Bank (qui a annoncé en janvier se retirer du processus), HSBC et Société générale. Deux fois par jour, à 10h30 et à 15h (heure de Londres), elles procèdent à l’établissement du prix à travers des simulations en fonction de l’offre et la demande lors de conférences téléphoniques.
Pics irréguliers
Pour Rosa Abrantes-Metz et Albert Metz, le problème se trouve dans la fixation de 15h. En analysant les échanges réalisés sur le marché de l’or entre 2001 et 2013, les deux auteurs de l’étude ont remarqué à partir de 2004 des mouvements qui pourraient indiquer un comportement illégal.
Ainsi, les fluctuations de prix importantes lors de l’appel de l’après-midi vont pour la très large majorité dans un seul sens : le bas. En 2010, les grosses modifications de prix prenaient même cette direction dans 92% des cas.
Vers une enquête approfondie ?
Dans l’interview donnée à Bloomberg, Rosa Abrantes-Metz nuance :
“C’est une première tentative pour dévoiler un comportement manipulateur et les résultats sont inquiétants. Il revient aux régulateurs d’établir la raison de ces résultats, mais les banques ont les moyens, le mobile et l’opportunité pour manipuler la fixation.”
Bien que “les recherches mettant en évidence un schéma de prix ne constituent pas une preuve de manipulation”, elles pourraient “encourager une enquête sur les sources de cette récurrence”, commente pour Bloomberg Thorsten Polleit, chef économiste chez le courtier en métaux précieux Degussa Goldhandel, et ancien économiste chez Barclays.
Révision du processus
Les cinq banques chargées du processus de fixing ont annoncé en janvier la mise en place d’un comité directeur; ils recherchent des conseillers extérieur afin d’envisager des réformes avant que la législation européenne ne les force à en adopter.
Selon le Wall Street Journal, l’autorité des marchés financiers allemands a ouvert en novembre une enquête sur des soupçons de manipulation des cours de référence de l’or et de l’argent par les banques. Et les autorités britanniques et américaines s’intéressent également de près au processus de calcul des prix, après le scandale du Libor dont les banques subissent encore les conséquences aujourd’hui. Alors quoi, le changement c’est maintenant ?
Latribune.fr