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Étouffé dans l’œuf, l’incident a pourtant émaillé la visite de Manuel Valls, le vendredi 7 février à Charleville-Mézières. La scène s’est déroulée à l’angle des rues Jules-Raulin et Léon-Dehuz, à Manchester. Elle est passée largement inaperçue.

Il est près de 11 heures lorsque le ministre sort du centre social. En s’approchant des voitures officielles, Manuel Valls et la délégation se retrouvent curieusement seuls. Le gros des effectifs de police a quitté les lieux quelques instants plus tôt pour sécuriser l’itinéraire du cortège, notamment les abords de la préfecture, où des élus ont appelé à manifester contre la réforme des cantons.
Les habitants de Manchester se retrouvent tout près du ministre. D’un petit groupe de six à huit personnes fusent des noms d’oiseaux. La délégation ne s’attarde pas. C’est une fois dans les voitures qu’intervient l’incident : des jeunes lancent plusieurs œufs sur les berlines, dont un rebondit sur une carrosserie avant d’éclabousser le pare-brise de la voiture du ministre. Dans l’habitacle, où ont pris place Manuel Valls, le maire (PS) Philippe Pailla et le préfet Frédéric Perissat, un ange passe.
Alors que le reste de la visite se déroule sans accroc, l’embarras est palpable. Les jours qui suivent, la tension monte. Des ordres sont passés pour régler « l’affaire » au plus vite. À droite, certains tentent de donner une tournure politique aux événements : le ministère demanderait que des têtes tombent, que le directeur de la sécurité publique saute, etc.
À Paris, le point de vue est différent : pour un fait mineur, on ne veut pas d’un scandale à quelques semaines des municipales, sans compter le risque de déstabiliser les services de l’État dans les Ardennes, où le préfet comme le directeur de cabinet viennent d’arriver.

Après quelques nuits blanches, des mesures sont prises. Depuis la place Beauvau, une directive (exactement un « télégramme »), émanant de la Direction centrale de la sécurité publique, est adressée à toutes les polices de France. Sont recommandées des mesures techniques pour mieux sécuriser les visites officielles.

Pendant ce temps-là à Charleville-Mézières, tous les moyens humains et techniques disponibles sont mis en place pour trouver les coupables. Après une enquête de voisinage, l’inspection des réseaux sociaux débouche sur une conversation troublante. Un individu promet de faire « un coup d’éclat » lors du passage du ministre. Les forces de l’ordre se rendent chez lui et découvrent peu de temps après son complice.
Ces deux jeunes hommes de 19 ans sont interpellés et placés en garde à vue le jeudi 13 février. Ils reconnaissent les faits. L’un aurait envoyé trois œufs, dont un a atteint sa cible.

L’autre se serait rendu coupable officiellement de « complicité par fourniture de moyens » : en clair, il tenait la boîte d’œufs !

Parallèlement, une autre enquête est en cours, afin de déterminer qui, depuis une fenêtre d’une habitation voisine, a envoyé un autre « projectile » (un œuf là encore) sur le cortège. Selon une source proche de l’enquête, il s’agirait d’un garçon de 11 ans qui, voyant les deux premiers lanceurs, aurait voulu faire « comme les grands ».
Histoire de leur montrer qu’on ne fait pas d’omelette sans casquer un peu, les deux individus majeurs seront jugés prochainement, pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique. Ils seront convoqués dans le cadre d’une comparution par reconnaissance préalable de culpabilité (plaidé coupable). Cette histoire ressemblant à un gag du début à la fin, ils seront jugés le 1er avril…
L’union, merci à Yann3869

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