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Paroles et musique : la Parisienne Libérée – Entretien : Jérémie Zimmermann

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Nos rancards, notre planning
Et notre compte à découvert

Rien, rien, rien, à se reprocher
Rien, rien, rien, rien à cacher (bis)
[citation de Jérémie Zimmermann] Si tu n’as rien à cacher, alors on pourrait mettre une caméra dans ta chambre à coucher et dans ta salle de bains, et en publier les images sur internet. Ou alors si tu n’as rien à cacher, alors on peut prendre ton login et ton mot de passe sur facebook ou sous google, les publier et que chacun puisse aller fouiller dedans.

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Et le nom de la voisine

Rien, rien, rien, à se reprocher
Rien, rien, rien, rien à cacher (bis)

Se dire : « oh ! j’ai rien à me reprocher donc je n’ai rien à cacher », est un petit peu absurde dans un monde où la surveillance est généralisée et où on a vu que c’est à trois niveaux de relations que les individus sont surveillés par la NSA. Donc si vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un qui est le frère, peut-être perdu de vue, d’un type barbu qui est soupçonné de commettre des actes de terrorisme, alors c’est potentiellement tous vos emails, toute votre navigation, tous vos coups de fil, tous vos sms, qui sont espionnés par la NSA.

Nos cartes d’adhérents
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Nos drogues favorites
Les vidéos du chat
Et nos idées politiques

Rien, rien, rien, à se reprocher
Rien, rien, rien, rien à cacher (bis)

Ces choses que l’on a envie de garder pour soi, c’est son intimité. C’est là que tu peux expérimenter avec des théories, des hypothèses, dire et si… oh et puis non. C’est là que se niche ce qu’on pourrait appeler la créativité. Et c’est ça qui est menacé lorsque l’on se sent surveillé. Lorsque l’on est surveillé.

Nos mails inachevés
L’adresse de notre docteur
Nos trajets détaillés
Nos relevés de compteur
Nos préférences sexuelles
À bien y réfléchir
Ne sont pas si personnelles
Que l’on veut bien le dire

Rien, rien, rien, à se reprocher
Rien, rien, rien, rien à cacher
(bis)

En fait on a tous quelque chose à cacher. Quelque chose à cacher de son petit copain, de sa femme, de son patron, de ses collègues, de ses amis. On a tous au moins un quelque chose à cacher de quelqu’un. (…) On voit bien que les comportements changent quand on se sent espionnés, quand on se sent surveillés, quand on ne peut plus bénéficier de cet anonymat qui fait partie, directement, de la protection de notre vie privée – comme il fait partie de la liberté d’expression.

Nos lectures matinales
Nos clics et nos cauchemars
Les sources de notre journal
Si on se lève tôt ou tard
Nos entretiens d’embauche
Le montant de nos impôts
Notre conception de la gauche
Et la taille de notre bureau

Rien, rien, rien, à se reprocher
Rien, rien, rien, rien à cacher (bis)

Si toi tu penses que t’as rien à cacher, que du coup tu t’en fous, et que tu as envie de tout donner à google et facebook, tu ne te rends pas compte qu’en faisant ça tu vas aussi donner une partie des communications de tes correspondants, de ta famille, de tes amis, à google et facebook. (…)

On devrait exiger des pouvoirs publics qu’ils imposent des régulations strictes de la protection des données personnelles et de la vie privée, de la même façon qu’on devrait exiger un encadrement strict des activités de renseignement et des activités de surveillance.

À part, bien sûr, notre vie privée
On n’a rien, rien, rien, rien à cacher
À part, bien sûr, nos petits secrets
On n’a rien, rien, rien, rien à cacher !

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