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Directeur de recherche au CNRS (Cevipof), Luc Rouban, spécialiste de la fonction publique, revient sur l’hypothèse d’un gel de l’avancement des fonctionnaires, évoquée jusqu’au sein du gouvernement mais démentie hier par le Premier ministre.
La majorité va-t-elle s’aliéner la fonction publique ?
Les déclarations contradictoires des socialistes créent un climat qui va surtout inquiéter les petits personnels, dont la seule perspective est précisément l’avancement d’échelon à l’ancienneté. Et qui sont les plus prompts à se mobiliser.
Y a-t-il un profil des fonctionnaires qui votent FN ?
Ce sont les petits fonctionnaires, ceux qui n’ont pas fait d’études supérieures : en 2012, 30% ont voté FN, soit à peu près autant que chez les employés du privé. Mais, même chez les cadres du public, le FN a progressé : 6% des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle de 2007, contre 11% cinq ans plus tard, soit davantage que chez les cadres du privé (9%).
Y a-t-il encore un vote de classe des fonctionnaires ?
Comme chez l’ensemble des Français, la dimension privative du vote prend de plus en plus le pas sur les intérêts collectifs. Mais l’élément qui détermine le plus le vote des fonctionnaires, c’est le tandem âge-patrimoine. Même dans le vote des enseignants à la dernière présidentielle, la dimension patrimoniale – bien plus que le revenu – est une bonne clé de lecture : ceux qui ont des gros patrimoines ont voté à droite, comme dans le secteur privé.

Sur le plan générationnel, il y a une fracture entre les quinquas et les sexas, qui votent beaucoup plus à droite, et les fonctionnaires plus jeunes, qui se partagent entre la gauche et, de plus en plus, l’extrême droite.

La fonction publique n’est donc plus un vivier naturel pour la gauche ?
Il n’y a plus rien de naturel à ce que les fonctionnaires votent pour la gauche. Lors du premier tour de la présidentielle de 1988, le vote des salariés du public pour la gauche dans sa diversité représentait 67% des suffrages exprimés, contre 55% en 2012. […] Libération

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