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Quelques extraits d’un débat sur l’identité européenne entre Daniel Cohn-Bendit et Alain Finkielkraut .

La société multiculturelle, c’est un état de fait. A ceux qui ne la veulent pas, je dis toujours que c’est trop tard. (Daniel Cohn-Bendit )

Qu’est-ce que l’identité européenne ? Et à quel moment en avez-vous pris conscience ?
Alain Finkielkraut : Que l’Europe ait aussi une identité et que cette identité soit indissociable de l’identité nationale, que l’Europe, autrement dit, s’atteste dans la diversité de ses profils, ce sont les intellectuels tchèques, hongrois et polonais qui m’en ont fait prendre conscience.
Daniel Cohn-Bendit : Je suis né en 1945, alors que mes parents étaient cachés en France en raison des persécutions antijuives.

J’ai été apatride pendant quatorze ans, puis j’ai choisi la nationalité allemande pour ne pas faire mon service militaire. Pour moi, l’Europe a toujours été une évidence.

L’identité européenne est-elle menacée par l’immigration, ou l’est-elle plutôt par le repli sur son essence supposée ?
D. C.-B. Je refuse de rentrer dans l’espace des phobies. Il ne faut pas confondre la libre circulation, qui concerne les citoyens européens, et le problème de l’immigration. Sur ce point, malheureusement, l’Europe a aujourd’hui une politique de forteresse qui ne fonctionne pas. […] Le multiculturalisme postcolonial menace-t-il la laïcité à la française, ou à l’européenne ?
AF :L’enjeu pour nous est de savoir comment adapter ou non nos lois. Il m’a fallu très longtemps pour comprendre une différence fondamentale entre la France et l’Allemagne sur ce sujet. […] Les apôtres du multiculturalisme ne reconnaissent aucune réalité à la culture puisqu’ils expliquent par l’inégalité toutes les difficultés du vivre-ensemble. Mais les faits sont têtus : tandis que l’Europe sort de la religion, l’islam se « désécularise ». Il y a, bien sûr, des exceptions. Reste qu’au temps de l’assimilation, les mariages mixtes étaient nombreux. Aujourd’hui on célèbre le métissage et on a le communautarisme.

D. C.-B. La dé-sécularisation ne concerne pas seulement l’islam. A Jérusalem par exemple, le communautarisme juif est très frappant. Et quand je vois ce qui s’est passé en France à propos du mariage pour tous, notamment dans la communauté catholique, je me dis qu’une partie de la société française est aussi concernée par ce retour du religieux.

Le Monde

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