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Papier de Rafika Bendermel, co-fondatrice du Bondy Blog en Tunisie

“Je ne suis pas venue ici pour les papiers. Avant de partir, je voyais la vie en rose. Il m’avait promis le bonheur avec lui”. […]

Venues légalement en France via le mariage, elles déchantent rapidement, si tôt la vie de couple commencée. C’est le cas de Manel. Tout juste la vingtaine, elle a quitté sa Tunisie natale pour suivre son mari en France où elle vit depuis plus de trois ans.

Une rencontre qui s’est faite dans l’entourage familial, chez sa tante, et “ça a été le coup de foudre !”. Restés en contact durant deux ans, ils se fiancent puis se marient en Tunisie. Ils vivaient séparés jusqu’au jour où lui décide de lui faire ses papiers et de la faire venir en France. […]

“Nous avions un projet de famille, faire des enfants. Mais quand je suis arrivée les choses ont rapidement changé. Nous vivions ensemble dans un appartement. Mais au bout d’un mois, sa mère s’est installée chez nous car elle avait des problèmes conjugaux avec son père. Elle s’est immiscée dans notre vie de couple. Elle me critiquait en permanence, me dévalorisait aux yeux de son fils, mon mari, avec qui la relation s’est aggravée rapidement. Il dormait dans le salon avec sa mère!” […]

“Je vivais avec mon beau-frère qui était aussi venu s’installer chez nous. Avec ma belle-mère, ils contrôlaient tout ce que je faisais, je n’avais pas le droit de sortir, je n’avais plus de téléphone, je ne rencontrais personne. Ils m’avaient complètement isolé. Mon mari avait même fait installer des caméras et des micros pour me surveiller dans l’appartement ! Un jour il est parti. Je me retrouvais alors seule avec ma belle-mère et mon beau-frère qui me séquestraient. J’ai appelé la police pour qu’ils viennent me libérer. J’ai déposé plainte pour harcèlement et séquestration”. […]

Pourquoi ne rentres-tu pas en Tunisie ?

La question a fait grincer Manel. D’un air agacé, elle se lâche : “Tout le monde me demande ça ! Que ce soit en France ou en Tunisie !

J’ai commencé une vie ici. J’ai laissé mes études en Tunisie pour les poursuivre en France (elle est étudiante en langue, ndlr). Là-bas je ne peux plus reprendre mes études, je n’ai plus le droit de m’inscrire. Mais la raison principale est due à la mentalité arabe. Je vais être perçue comme la responsable de l’échec de mon mariage. C’est la femme qui porte l’honneur de la famille et en même temps la responsabilité en cas d’échec. Elle n’a pas le droit à l’erreur. […]

Que veux-tu dire à ces femmes qui rêvent de venir en France rejoindre leur mari ?
“Il faut qu’elles soient prudentes. Il faut aussi que leur famille fasse les choses dans les règles pour qu’elles soient protégées. Ici, on se retrouve sans famille, sans ami, sans personne et sans possibilité de recours”.

Au-delà de la loi, le cas de Manel est loin d’être unique. Le fait d’être étrangère récemment arrivée en France justifie-t-il que la violence subie ne soit par reconnue au regard de la loi et condamnée ? […]

Huffington Post

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