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La tradition antisémite, profondément enracinée dans notre vieux pays, a été accompagnée à maintes reprises par la puissance publique et des dispositions de droit positif à caractère discriminatoire.

 
Dans les périodes les plus dangereuses pour la sécurité des juifs, cette politique, approuvée par une large majorité de l’opinion, n’a rencontré que peu d’opposition de la part des autorités morales et religieuses et n’a été censurée par aucune autorité judiciaire.

Paradoxalement, la condamnation morale, politique et judiciaire de l’antisémitisme intervient à un moment où les juifs français n’ont jamais été aussi peu en danger.

L’antisémitisme de Dieudonné et de ses épigones, s’il puise son contenu aux sources de la tradition française (conspiration judéo-maçonnique agissant dans l’ombre et usant de son pouvoir financier et culturel pour tirer toutes les ficelles), n’a cependant que peu de chose à voir avec son modèle.
Les tirades judéophobes qui font son succès n’ont pas pour but d’exclure les juifs mais de mettre en évidence une différence de traitement à l’égard d’autres minorités. Le fait est qu’en dépit d’un antisémitisme résiduel les juifs français ne font plus l’objet d’aucune discrimination, alors que les personnes d’origine maghrébine ou africaine, et en particulier les plus jeunes d’entre elles, sont en butte à des pratiques sociales et administratives qui leur donnent le sentiment légitime d’être défavorisées…
La décision d’interdire, c’est-à-dire de censurer, un spectacle vivant dont le contenu était susceptible d’être modifié au dernier moment sous prétexte de lutter contre une forme d’antisémitisme moins dangereuse que d’autres manifestations de racisme qui laissent l’opinion généralement indifférente, apparaît comme une erreur de droit, une faute politique et une sottise morale.
Le Monde

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