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Depuis 2012, l’artiste controversé, dont la popularité dérange le pouvoir, refuse toute interview à la presse subventionnée (ndlr : française). Hors la scène, il s’exprime via son site et ses vidéos dont deux ont été visionnées plus de deux millions de fois. En exclusivité, Dieudonné a accepté de répondre aux questions de FDC.(ndlr : belge)

FDC : Dans le film « Est-il permis de débattre avec Dieudonné ? » (2009), vous espériez « une révolution » : s’en approche-t-on aujourd’hui ?

D. : Oui, mais cette révolution ne viendra pas de ce système qui est complètement fermé.(…) En fait, la révolution, c’est Internet ! Lorsque Roger Cukierman (président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, ndlr) essaye de m’interdire de communiquer sur Internet, on sent bien que c’est par là que ça se passe.

C’est par la toile que des millions de gens vont se rassembler et puis vont mener des actions de résistance.

La révolution ? Oui, on s’en rapproche… J’ignore si on peut les qualifier de « révolutionnaires », mais on a vu qu’au départ des printemps arabes, il y avait les réseaux sociaux. La France et l’Europe n’échapperont pas à cette libération-là. En tout cas, j’y crois !

FDC : Dans le même film, vous estimiez que « les médias travaillent à leur propre disparition ». Vous persistez aujourd’hui ?

D. : Oui, il n’étaient déjà pas en forme en 2009, mais alors aujourd’hui … Je suis certainement un élément révélateur : il y a quelques années mes vidéos postées sur Youtube faisaient 100.000 ou 200.000 vues ; aujourd’hui, on dépasse le million voire plus de deux millions. En termes de visibilité, je dépasse donc certaines émissions du service public. Ce qui est amusant d’ailleurs, car les responsables de ces émissions viennent désormais me voir pour me proposer de faire des choses (rire). Encore dernièrement, c’était Complément d’enquête (France 2). Je leur ai répondu ceci : « Venez avec vos caméras et moi, j’aurais les miennes. Vous me posez les questions que vous voulez ; moi, je vous pose les questions que je veux et puis : chacun fait son programme !». Évidemment, ils ont refusé. En conséquence, j’ai décliné toute interview et leur ai interdit l’accès à mon théâtre. Mais les responsables de ce média traditionnel ont quand même envoyé leurs journalistes filmer mon spectacle en cachette. Ils se sont fait passer pour des spectateurs, ont payé leur billet pour mieux voler des images et les recéler. Donc, j’ai mis mes avocats sur le coup et j’ai déposé plainte … Non seulement ces médias de l’ancien système s’effondrent mais en plus, ils sont fiers de leurs méthodes de voyous. Si je faisais la moitié du quart de ce que fait France 2 en volant des images, j’aurais déjà le parquet de Paris sur le dos !

FDC : De 2003 à 2012, vous acceptiez les demandes d’interviews des médias traditionnels: désormais, vous refusez de parler aux journalistes français ?

D. : Oui, je n’ai plus aucun intérêt à les aider dans leur entreprise. Mes salles de spectacle sont pleines ; je communique avec des millions de personnes grâce à d’autres réseaux. Pour moi, ils n’existent plus : je n’ai aucune raison de collaborer avec eux. Donc, quand ils viennent me voir, ils passent au guichet comme les autres. C’est 35 € la place ou moins, ça dépend s’ils ont une réduction : à priori, ils ne sont pas encore chômeurs, mais ils pourraient le devenir assez rapidement …

C’est vrai qu’ils n’apprécient pas trop ma façon de voir le journalisme parce que, selon moi, le seul journalisme qui vaille aujourd’hui est celui d’Internet.

Il faut évidemment le professionnaliser pour qu’il devienne une activité normale et rentable pour ceux qui fournissent ce travail. C’est en train de se mettre en place même si c’est un peu long. Lorsque cet objectif sera atteint, je pense que ça va libérer beaucoup de journalistes du joug de ces rédacteurs en chef qui ne sont que des marionnettes du système en place.(…)

FDC : Dans une de vos vidéos, vous avez affirmé : « La quenelle me dépasse ; elle ne m’appartient plus ». Ensuite, la presse annonce que vous auriez déposé le mot dans un but commercial : aucun démenti de votre part. 

D. : Non, non, il y aura une belle surprise…

Mais on attend début 2014. Là, vous en saurez plus. Bon, on a déposé les termes « Quenelle + ». Ce sera le titre d’une émission que je vais animer et vous aurez la surprise de découvrir où et sur quel support.

Pour le second projet, c’est également très drôle, ça devrait bien fonctionner et plaire à pas mal de gens. Patience : en 2014, vous en saurez plus …

FDC : Vous en êtes à six condamnations judiciaires. Le Monde estime que vous ne payerez probablement pas vos amendes, car vous voulez aller en prison : vous confirmez ?

D. : Oui, je veux y aller ! Ces procès n’ont pas de sens de toute façon … Je me souviens d’une phrase d’Alain Jakubowicz (président de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme, ndlr) qui avait dit lors d’un de mes procès : « De toute façon, les médias l’ont condamné : la justice devra suivre ! ». Pour lui, c’est clair : ce sont les médias qui jugent et déterminent. La pression qui est mise sur les magistrats est énorme. (…)

FDC : Au niveau idéologique et politique, avez-vous conscience que vous ne pouvez l’emporter dans le rapport de force avec les lobbies français pro-israéliens (Licra, Crif, AIPAC) et l’État d’Israël ?

D. : Il est clair que, sur papier, le combat pour l’émancipation de l’esclave est un combat perdu d’avance. Mais c’est la raison pour laquelle il doit être mené ! Peu importe : le but, c’est l’état d’esprit dans lequel on accomplit le parcours. Il s’agit de se libérer. Même si la libération intervient quelques générations plus tard. Au moins, on se sera inscrit dans ce chemin-là.

La (très longue) interview dans son intégralité ici 

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