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Mise à jour du 24 décembre 2013 à 18H15

Que faire de Dieudonné ?

par Elie Barnavi, historien et essayiste, Professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de Tel-Aviv, et ancien ambassadeur d’Israël en France.

[…] Qu’est-ce qui fait courir Dieudonné ? Difficile à dire, et d’ailleurs on s’en moque. La seule question intéressante est ce qu’on en fait. Si l’on écarte la violence physique, à l’évidence une solution problématique dans un pays civilisé, il reste, pour traiter des individus de son espèce et les mouvements qu’ils représentent, deux attitudes possibles. L’une est celle généralement adoptée en Europe, notamment en France et en Allemagne : c’est l’interdiction du discours raciste, antisémite ou négationniste, et la condamnation en justice de ceux qui s’y livrent. L’autre est l’attitude américaine. Protégée par le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, la parole, aussi choquante soit-elle, est libre d’une liberté sans entraves aucunes. La raison de cette différence d’approche est évidente : obsédée par le passé proche, l’Europe démocratique estime n’avoir pas le droit d’oublier la noire prophétie de Berthold Brecht dans La Résistible Ascension d’Arturo Ui : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». N’ayant pas vécu ce passé-là, l’Amérique ne craint pas sa résurgence.

Quelle est la bonne attitude ? J’ai participé un jour à un débat sur un plateau de télévision français dont l’objet était les lois dites « mémorielles », qui criminalisent les négationnismes. Parmi les participants se trouvait Jean-Claude Gayssot, auteur de la loi du même nom de juillet 1990 « tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe », notamment la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité tels que définis par le Tribunal militaire international de Nuremberg. Un juif israélien, aux yeux duquel la négation de la Shoah est proprement intolérable, ne pouvait que communier avec le sympathique et éloquent Gayssot.

Cependant, force est de reconnaître que cette loi, comme celles qui s’en sont suivies, n’ont pas retranché un seul membre de la « petite troupe abjecte » (Pierre Vidal-Naquet) des négationnistes. Bien au contraire, un Dieudonné, pour ne mentionner que lui, s’est mué aux yeux de ses séides en martyr de la cause des opprimés. Et puis, où s’arrêter ?

Alors, est-il préférable d’adopter l’attitude américaine, autrement dit laisser les Dieudonnés s’exprimer à leur guise et ne sévir que lorsqu’il y a incitation manifeste à la violence ? Les partisans de cette position craignent le glissement sur une pente dangereuse qui conduirait à brider la liberté de parole. Faut-il leur donner tort ? Ils comptent sur l’ostracisme public et la sagesse d’une opinion que la presse, l’école et les intellectuels font de leur mieux pour éclairer. Sont-ils naïfs ?

Difficile de trancher. De toute manière, il semble bien que les mentalités se sont figées des deux côtés de l’Atlantique. Une chose est certaine : Israël ferait bien de ne pas se mêler de ces querelles. En France, l’Etat et l’immense majorité des citoyens sont rangés du bon côté de la barricade, et cela devrait nous suffire. Et puis, nous avons fort à faire pour balayer devant notre porte.

source de l’article complet : i24news.tv

 



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fiche wikipédia de Jean-Yves Camus :

Issu d’une d’une famille catholique pratiquante et gaulliste, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, d’études supérieures d’histoire contemporaine (EHESS) et de science politique (Université Paris I). Il est un spécialiste reconnu de l’extrême droite française et expert des groupes radicaux islamistes.

Il est chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) depuis 2006. Il a dirigé et collaboré à plusieurs ouvrages collectifs dans le cadre du Centre européen de recherche et d’action sur le racisme et l’antisémitisme.

Il participe désormais au site d’information Rue89.

Jean-Yves Camus, qui s’est par ailleurs converti au judaïsme, collabore également à l’hebdomadaire Actualité juive.

Le 4 mars 2005, Jean-Yves Camus signe un article sur le site Proche-orient.info prônant l’interdiction de la « La Ligue de défense juive : une milice d’auto-défense et d’extrême droite ». Il avance également que se répandrait « au sein d’une partie de la communauté juive un sentiment radicalement antiarabe »

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