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Lassés par les incivilités autour du cabinet, les neuf médecins de l’Amuac viennent de déplacer leur maison médicale à l’autre bout de la ville. Reste la même population sur le plateau.

Pas besoin d’attendre bien longtemps dans la pharmacie du boulevard Claude-Bernard, juste en haut du viaduc Saint-Jacques pour vérifier : déjà, une personne pose la question récurrente de cette fin d’année 2013 : « Est-ce que vous connaissez un médecin dans le quartier ? »

Des médecins, bien sûr, il en reste sur le plateau. Mais il y a surtout neuf généralistes libéraux de moins depuis que l’association AMUAC médecins de garde a fermé sa maison médicale du boulevard Claude-Bernard.

Découragés, par des incivilités qui perturbaient leur exercice, ils viennent de la rouvrir au nord de Clermont. À l’autre bout de la ligne de tram.

« Nous sommes réellement partis à contrecoeur, mais la réalité, c’est que le problème d’insécurité n’est pas réglé », assure l’un des praticiens (1).

« Il n’y a pas eu d’agression physique, mais des menaces verbales et des patients qui étaient embêtés en sortant du cabinet. J’ai même eu l’appel d’une jeune fille pour me dire qu’elle avait fait demi-tour en venant au rendez-vous à cause des gens qui étaient installés devant la porte… »

Et le médecin de citer aussi, pêle-mêle : les jets de pierre sur les fenêtres d’avant l’été, la voiture d’un collègue fracturée sur le parking pour voler un blouson, ou les explications qui ont dégénéré entre un médecin et un patient.

« Je crois que l’élément décisif dans notre réflexion a été ce soir-là, quand ce confrère s’est rendu compte qu’il était attendu à la sortie du cabinet : la police a dû l’extraire et le raccompagner chez lui ! »

« La plupart du temps, il n’y a rien de grave. C’est plus un sentiment d’insécurité qu’une vraie insécurité. Mais cette petite délinquance au quotidien rend les choses invivables. Il faut le vivre pour le croire ! »

Difficile, en effet, de qualifier un indicateur aussi sensible que le fameux sentiment d’insécurité. Un outil de suivi mensuel de ce sentiment est d’ailleurs prévu dans le cadre de la zone de sécurité prioritaire (ZSP) (2). En attendant, « Saint-Jacques n’est pas une zone de non droit », rappelle le représentant de l’association des commerçants, Patrick Poitrineau. Des caméras vidéos et des travaux d’aménagement urbain sont prévus. Alain Martinet, premier adjoint au maire, annonce leur début au printemps.

Mais il sera trop tard pour la maison médicale qui a pris un aller simple vers ailleurs. Et pour la maman de Soraya qui a renoncé à aller consulter cette semaine. « Si ça devient grave, elle trouvera bien quelqu’un, mais c’était pratique. »

Suite sur la Montagne, merci à i.am.french.de.France

(1) L’intervention d’un des médecins à l’antenne régionale aurait provoqué des remous, aussi avons-nous décidé de ne citer aucun nom.

(2) Le projet concerne aussi avec Les Vergnes, de Champratel, de Croix-de-Neyrat et de la Gauthière. Il se basera sur les appréciations des acteurs de terrain (policiers, bailleurs sociaux, présidents d’associations, etc.) Voir notre édition du 6 décembre.

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