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Edito d’Anne Sinclair

Vouloir mettre la “République en danger”, serait donc le noir dessein de M. Ayrault, si l’on écoutait vendredi l’adresse prophétique de M. Copé. Il est “irresponsable et menteur” que le Président de l’UMP tienne de tels propos, a répondu, cinglant, le Premier ministre. Il s’en est suivi un week-end de déclarations, les unes violentes, les autres embarrassées.

Hebergeur d'imageBien sûr, nous sommes à la veille de la confrontation des municipales de mars prochain et au lendemain de la convention de l’UMP sur l’immigration. Quant au Figaro, il a habilement allumé la mèche en rendant public le rapport sur l’intégration qui dormait depuis le 13 novembre sur le site de Matignon. […]

L’idée de repenser l’intégration à la française, comme s’y était engagé François Hollande durant sa campagne, est légitime et bienvenue. Il faudrait être angélique ou malhonnête pour soutenir que l’intégration en France se fait sans accrocs. Ceux-ci ont de multiples causes, dont les discriminations insupportables que véhicule une société aux origines multiples et au passé colonial mal digéré, et qui devrait mettre toute son énergie à les proscrire.

Les échecs de cette “intégration à la française” comme on l’appelle, sont liés aussi à la violence, à la ghettoïsation de certains quartiers laissés à l’abandon social et au chômage.

Aux tentatives de déstabilisation par des groupes intégristes plus ou moins dirigés de l’extérieur, et qui prospèrent sur les terrains de la pauvreté et de la résignation. Il ne s’agit donc pas de nier ces faillites de l’intégration, ni la nécessité d’y remédier.

Encore qu’il y ait beaucoup d’élus locaux (et il est dommage de ce point de vue que la composition du comité qui a publié ce document de travail en ait compté si peu), pour affirmer que bon an mal an, au bout de plus d’un quart de siècle de tensions, d’instrumentalisations des concepts d’identité et d’immigration, de lois, d’échecs tonitruants et de réussites plus discrètes, les générations issues de l’immigration ne s’intègrent finalement pas si mal en France. […]

C’est oublier que la France a, ces trente dernières années, dû intégrer six à huit millions de citoyens venus d’Afrique ou du Maghreb, soit 10% de la population française d’aujourd’hui, la plupart d’origine musulmane, peu familière aux européens. C’est considérable et rarement pris en compte. […]

Dans cette note fourre-tout de près de 300 pages, au langage très sociologique, abstrait et très peu politique, il y a cependant des propositions bien venues contrairement aux cris d’orfraie poussés par ceux qui contestent le tout: veiller à combattre les discriminations ethno-raciales, créer un conseil pour la cohésion sociale auprès du Premier ministre, proposer un vrai Musée des colonisations et de l’immigration, insister pour que l’arabe, soit plus souvent enseigné dans les établissements scolaires de bon niveau où le chinois est, lui, largement valorisé comme deuxième ou troisième langue (mais faudrait-il le faire aussi pour le créole ou les multiples langues africaines??). […]

Très discutées également parmi les préconisations de ce fameux rapport, celles de remettre à plat l’enseignement de l’Histoire de France, ou de donner de nouveaux noms aux rues et places des villes pour tenir compte de l’histoire des migrations. Tout cela relève d’une certaine philosophie de ce que les auteurs veulent appeler inclusion, souhaitant – et ce n’est pas qu’une différence sémantique – la disparition du mot même d’intégration. Sans oublier cette phrase détonante sur la nécessité d'”assumer la dimension arabe orientale de la France” qui livrée ainsi en pâture et sans explication au public ne peut qu’alimenter les foyers de division au sein de la société française. […]

Huffington Post

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