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La Chine a ses villes fantômes, et le Portugal, ses autoroutes fantômes. Le Financial Times rapporte qu’au Portugal, de très longues portions d’autoroutes sont désertées par les automobilistes.

Depuis les deux dernières années, le trafic routier s’est effondré, en raison des coûts trop élevés des péages des autoroutes, que les automobilistes ne peuvent se permettre. Selon Inrix, une société d’information sur la circulation au Portugal, le trafic global des routes portugaises a chuté de 50% en 2012, et de 68% au cours du premier trimestre de cette année. En 2012, les ventes de voitures avaient baissé de 27%.

Pour respecter les conditions du plan de sauvetage du pays, le gouvernement a dû rendre payants plus de 900 km de routes qui étaient auparavant gratuits. Le trajet Lisbonne/Porto coûte 22 euros de péage, et 36 euros de carburant ; celui de Lisbonne à l’Algarve coûte le même montant de péage, pour 34 euros de carburant. Les sociétés de transport routier, qui payent le double, sont particulièrement pénalisées par ces tarifs de péage.

Les autoroutes désolées sont un symptôme de plus de la grave récession qui secoue le pays, mais elles témoignent aussi des mauvais choix d’utilisation de l’argent des contribuables par les gouvernements successifs. Depuis 1986, le Portugal a reçu 96 milliards d’euros d’aide de l’UE pour lui permettre de rattraper les grands pays européens. Lisbonne a rajouté 86 milliards d’euros, et 25% du total de ces fonds ont été investis dans le réseau routier. Le pays compte 3.000 kilomètres d’autoroutes, alors qu’il n’en comptait que 300 km à cette époque. Cela correspond quasiment au double de la densité moyenne en Europe. Désormais, le Portugal a 4 fois plus de kilomètres d’autoroute par habitant que la Grande-Bretagne, et 60% de plus que l’Allemagne.

Dans le même temps, le gouvernement a négligé le réseau ferroviaire, construisant 2,5 km d’autoroute par kilomètre de voie ferrée. « Nous aurions pu dépenser un quart de ce que nous avons investi et construire un réseau autoroutier parfaitement adéquat qui aurait davantage rendu service à l’économie et aux gens », juge un professionnel des autoroutes portugais qui a souhaité rester anonyme.

« Qui a profité de toutes ces dépenses ? Toujours les mêmes banques, les mêmes sociétés de construction, les mêmes fonds d’investissement », commente, blasé, Gonçalo Torres, un professionnel de l’évènementiel qui utilise fréquemment les autoroutes, et en déplore les coûts élevés de péage.

Express.be

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