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Aubervilliers, après le « miracle chinois »

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On comprend que les édiles d’Aubervilliers se sentent en Chine comme des poissons dans l’eau. Une bonne partie de la cité de Seine-Saint-Denis est une réplique de la région de Wenzhou. En quelques années, la ville est devenue la plus grosse plate-forme d’Europe pour l’accueil des exportateurs chinois. Dans un quartier à ciel ouvert, des milliers de commerçants chinois proposent des vêtements à prix cassé, de la quincaillerie ou de l’électroménager importé de Chine. A côté des centaines de commerces de gros, des hangars, des entrepôts, des bureaux de sociétés comme Eurasia – 20 millions de chiffre d’affaires – qui, depuis Aubervilliers, développe une zone portuaire au Havre afin d’importer encore plus, toujours plus de marchandises fabriquées dans l’empire du Milieu.

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Aubervilliers compte 36 % d’étrangers et 80 % d’habitants d’origine étrangère sur une population de 75 000 habitants. Parmi eux, 4 000 à 5 000 travailleurs chinois, dont 2 000 à 3 000 qui résident sur place. « Il faut du temps pour que tout ça se mélange », explique le maire. En attendant, les haines interethniques s’aiguisent mutuellement. La mairie reconnaît qu’il est très difficile de convaincre les commerçants chinois d’embaucher des Européens, des Noirs ou des Arabes.

Les Chinois accusent les Arabes de braquages ou de racketter leurs femmes. Lors d’une réunion mémorable, ils ont même menacé de faire appel à la mafia pour les protéger. (…)

A vérifier sur place. Dans le quartier à l’intersection des rues Bordier et des Cités, peu après un local nommé Fraternité mosaïque, dont sortent des barbus en habits blancs, on peut voir des maisons à un étage, volets fermés ou à peine entrouverts, de style sinisé (portes à barreaux avant les entrées, grilles en fer forgé…). Une bouche d’aération bricolée sort d’un appartement. A l’étage d’un long bâtiment miteux en brique rouge, des néons sont allumés et des vêtements pendus au plafond sont visibles de l’extérieur. Les ateliers sont à peine dissimulés. En haut d’un escalier, derrière la porte de droite, un atelier chinois. Nous interrogeons deux policiers municipaux en train de mettre des PV. « Les ateliers clandestins chinois ? C’est comme des plantes grimpantes, on coupe, on coupe, mais ça repousse toujours plus ! On ne peut pas lutter contre ça. Ici et dans le XIXe, ils sont trop nombreux. C’est peut-être pour cela que l’inspection du travail a baissé les bras. »

Marianne Merci à sene-gale

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