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Trappes, cité perdue de la République

Gilet pare-balles recouvrant le teeshirt, Flash-Ball au poing, l’oeil rivé sur les barres HLM, une poignée de gros bras de la Bac (brigade anticriminalité) s’aventurent dans les allées de la cité des Merisiers, à Trappes (Yvelines). À leurs côtés, 400 CRS maintiennent un dispositif qui est allégé de jour en jour.
La cité retrouve son indépendance. Le calme revient après les émeutes qui ont embrasé cette commune où Benoît Hamon, député de la circonscription devenu ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, estime qu’il fait « bon vivre ».
Pour mettre le feu aux poudres, il a pourtant suffi, le 18 juillet, du simple contrôle d’une femme intégralement voilée (lire page 10). Dès le lendemain, à la prière du vendredi, des prêcheurs salafistes dénoncent une « provocation de la police en plein ramadan ». Les réseaux sociaux aidant, des centaines de “jeunes” armés de pierres, boulons et engins incendiaires attaquent le commissariat aux cris de « Allahu akbar ». « C’était Fort Apache et nous étions les tuniques bleues ! », se souvient un policier. Durant trois jours, Trappes et les communes alentour virent à la zone de guerre : explosions, coups de feu, voitures en flammes…
Détail sur ce champ de bataille : un ordre « venu d’en haut » intime aux CRS de ne surtout pas blesser des assaillants qui recourent aux tirs de mortiers d’artifice et de chevrotine. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a fait de cette émeute une affaire personnelle. La place Beauvau dirige la communication en direct, via la parole calibrée de la préfecture des Yvelines. D’après une source policière, les journalistes ne doivent pas assister aux briefings de la police « où sont annoncées des consignes ministérielles incitant à un simple endiguement des violences ».
[…] Quant à la rénovation urbaine, elle attise la méfiance de ces nouveaux Trappistes, persuadés que les pouvoirs publics complotent pour “blanchir la ville”. Olympe, mère de famille antillaise, estime que les loyers risquent d’augmenter et d’attirer des « bolos » (des Blancs).

Hakim, honnête commerçant, fulmine contre ces étrangers qui « voudront des restaurants ou des cafés ouverts pendant le ramadan » — une « provocation ». Même entre immigrés, la mixité sociale est rejetée. Hakim se plaint de voir les jeunes du quartier « obligés » de se battre avec des Congolais récemment arrivés. Leur tort ? « Ils ne sont pas croyants et vendent de l’alcool devant tout le monde ! »

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