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Quel est aujourd’hui l’état des relations communautaires en Ile-de-France et plus particulièrement dans les départements de banlieue ?
Peut-on parler d’un climat délétère entre les communautés juives et musulmanes ?
Sophie Ferhadjian : En tant que professeur et que membre du Haut Conseil à l’intégration, ce que j‘ai vu et les dire de mes collègues font clairement apparaître que d’importantes tensions existent entre ces communautés. Depuis dix ans, depuis la publication de Les territoires perdus de la République, il me semble clair que ces tensions ont nettement augmenté. Il y a une parole antisémite ainsi que des propos racistes de plus en plus libérés, les jeunes ont de moins en moins l’impression que c’est grave. De plus, on constate une crispation communautaire, une façon de se recentrer sur les siens plutôt que de s’ouvrir. A l’intérieur même de chaque communauté on sent un repli vers le religieux et donc une réaffirmation dans la sphère publique de toute la dimension religieuse […] Qu’auriez-vous honnêtement fait si vous aviez été dans un tel cas ?
C’est une question complexe. La France est une République laïque, indivisible et sociale, c’est dans la constitution. A partir du moment où l’on commence à déroger, on met le droit dans un engrenage dont on ne sait pas où il s’arrêtera. Prenons un exemple plus neutre mais très parlant : les cantines scolaires. Toute mon enfance, j’ai déjeuné à la cantine puis j’ai continué en tant que professeur. Il y a toujours eu un plat sans porc et cela n’a jamais posé problème. Mais à présent, il faut que les légumes ne soient pas en contact avec la viande. Puis les plats végétariens ne suffisent pas, il faut des plats de viandes hallal ou casher. Puis, il faudrait des assiettes compartimentées pour que les aliments ne se touchent pas entre eux ou encore la garantie que les couverts n’ont pas été en contact avec telle ou telle chose et ainsi de suite. Au départ, nous avons donc un accommodement : le plat sans porc, tout simple, et on arrive à une situation délirante dans laquelle sont revendiquées des choses toujours plus nombreuses. Ensuite, on arrive à la remise en cause du poisson le vendredi alors “le poisson tourne” pour éviter que l’on reproche l’influence de l’héritage catholique de la France.[…] Article dans son intégralité dans Atlantico

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