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Le dernier rapport de l’OCDE sur l’immigration est formel : l’impact fiscal et budgétaire net des populations migrantes est globalement proche de zéro. Avec de notables différences d’un pays à l’autre.

Illustration de l’hebdomadaire Hara-Kiri n°63 en date du 13/04/1970

Alors que, confrontée à la crise et au chômage, l’Europe continue de s’interroger sur le coût de l’immigration pour ses finances publiques, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) lui apporte quelques éléments de réponse dans son rapport annuel (« Perspectives des migrations internationales 2013») publié à la mi-juin.

Ledit rapport tord le cou à une idée reçue : « L’impact fiscal et budgétaire net de l’immigration, y lit-on, est proche de zéro dans l’ensemble de la zone OCDE. » Ce diagnostic se fonde sur « l’étude la plus complète jamais réalisée sur la question », explique l’un de ses auteurs, Thomas Liebig, administrateur à la division des migrations internationales de l’organisation.

L’immigration ne comblera pas les déficits budgétaires des États, mais elle peut aider à les réduire. « En général, les immigrés versent davantage sous forme d’impôts et de cotisations qu’ils ne perçoivent sous forme de prestations », constatent les experts, qui établissent ce solde positif à 3.283 euros par ménage, en moyenne, dans les trente-quatre pays membres de l’organisation.

Retraites
Bien sûr, les situations varient considérablement d’un pays à l’autre. « L’âge de la population immigrée et l’ancienneté des flux migratoires ont une incidence prépondérante sur la situation fiscale et budgétaire des pays », indique Liebig. Avec une contribution estimée à près de 2 % de leurs PIB respectifs, ce sont la Suisse et le Luxembourg qui tirent le plus grand profit de leurs immigrés, majoritairement jeunes et actifs.
À l’autre bout du classement, la France et l’Allemagne affichent un solde négatif : respectivement, – 0,52 % et – 1,13 % du PIB. À cause du poids considérable des retraites versées aux immigrés arrivés dans les décennies précédentes. Si l’OCDE confirme que la contribution nette fiscale des immigrés reste inférieure à celle des autochtones, « ce n’est pas parce qu’ils dépendent davantage des prestations sociales, mais, pour l’essentiel, parce qu’ils sont moins bien rémunérés et qu’ils cotisent donc moins », assure Liebig.
Démographie
La priorité donnée depuis vingt ans aux travailleurs hautement qualifiés devrait « permettre aux immigrés arrivés récemment d’avoir une contribution budgétaire supérieure à celle des générations précédentes », estime le rapport. « Si les politiques menées au cours des cinquante dernières années ont un impact budgétaire aussi neutre, imaginez ce que pourrait apporter à l’avenir une meilleure gestion des migrations », renchérit Liebig.
Grâce à leurs travaux, lui et ses collègues espèrent contribuer à changer la perception que les opinions publiques ont de l’immigration. Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, plus de 50 % des personnes interrogées sont en effet convaincues que les migrants perçoivent plus qu’ils ne versent.

« Il est urgent de rétablir la vérité alors que les pays développés vont devoir accueillir davantage d’immigrés ne serait-ce que pour des raisons démographiques liées au vieillissement de leurs populations. Alors, autant s’y préparer. »

En recul depuis le déclenchement de la crise de 2007, les flux migratoires vers les pays développés se sont légèrement accrus depuis deux ans : + 1 % en 2011, + 2 % en 2012. Et l’immigration a contribué à hauteur de 40 % à la croissance démographique de la zone OCDE depuis une décennie. Les économies du Nord n’ont pas vraiment le choix. Sans immigration, « le nombre des entrées sur le marché du travail dans les pays de l’OCDE pourrait être en 2020 inférieur de 30 % à celui des sorties », rappelle l’étude.
Jeune Afrique
(Merci à Erwinn)

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