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L’Assemblée nationale a repoussé jeudi une proposition de loi présentée par l’UMP qui voulait autoriser les entreprises à imposer la neutralité religieuse au travail. Un texte rédigé après l’affaire de la crèche Baby Loup. Peut-on imposer la laïcité au privé comme dans le secteur public ? La question fait débat. Lionel Honoré, professeur à Sciences Po Rennes et Abdel Aïssou, directeur général du groupe Randstad, co-auteurs d’une étude sur le fait religieux en entreprise, évoquent la problématique pour MyTF1News.

Dans votre étude, vous évoquez l’émergence du fait religieux dans les entreprises. Un phénomène déjà bien implanté, qui a tendance à augmenter. Comment l’expliquez-vous ?

Lionel Honoré : Les gens n’hésitent plus à demander des aménagements en rapport avec leur religion. D’ailleurs les chiffres de l’étude en témoignent : 28% des responsables RH d’entreprises ont eu à gérer ce genre de situation. Pendant longtemps, les salariés ont caché leurs pratiques religieuses. Là, on assiste à une tendance inverse qui concerne l’ensemble de la société : les religions reprennent de la voix. La pratique religieuse s’est décomplexée. Et du coup, à partir des premiers cas, il y a un effet d’exemple. Si un premier salarié a pu voir ses “demandes religieuses” acceptées, d’autres suivent. […]

D’où viennent ces principes religieux qu’on invoque au sein de l’entreprise. Et en quoi peuvent-ils devenir problématiques, comme le craignent, selon l’étude, les entreprises ?

Lionel Honoré : De toutes les religions, il n’y a pas d’exception en la matière. Mais selon notre étude, les demandes à caractère religieux proviennent dans 80% des cas de l’islam. Mais attention : dans une majorité écrasante, ces demandes demeurent strictement personnelles, restent en adéquation avec la bonne marche de l’entreprise et ne sont en aucun cas sources de conflits. Mais ce qui pourrait un jour devenir dangereux, comme l’expliquent les cadres interrogés dans l’étude, c’est lorsque certains voudront imposer des dogmes religieux à l’ensemble de l’entreprise.

TF1 (Merci à Lorenz)

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