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Editorial de Nicolas Demorand dans Libération.

«Catholaïcité». C’est le mot inventé par l’historien Jean Baubérot pour décrire la conception française de la laïcité, impitoyable sur les principes mais servant du poisson le vendredi à la cantine et calant ses jours fériés sur la Toussaint, Noël, la Pentecôte et l’Ascension.

Autant d’entorses au dogme républicain qui s’expliquent évidemment par l’histoire d’une nation si longtemps catholique qu’elle y gagna le titre de fille aînée de l’Eglise.

Même séparée de celle-ci en 1905 et largement sécularisée depuis, il en reste des traces visibles. Et potentiellement délicates quand les autres religions réclament le même traitement : manger halal ou casher, pouvoir être absent un jour férié non reconnu par le calendrier commun, etc. Comme le souligne l’enquête que publie Libération sur le fait religieux dans l’entreprise, la plupart de ces demandes se règlent facilement. Bonne nouvelle dans un pays qui régulièrement se déchire sur le sujet.

Restent les cas minoritaires qui renvoient la République à ses contradictions et que celle-ci traite, en général, en brandissant l’épouvantail du communautarisme. Réponse dilatoire qui masque la véritable alternative : une voie frontale consistant à laïciser enfin la laïcité et à mettre toutes les religions sur le même pied ; une ligne plus sinueuse et réaliste encourageant à trouver, sur le modèle québecois, des «accommodements raisonnables» avec les demandes religieuses. Que la République choisisse son chemin.

Libération

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