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Plusieurs milliers d’Israéliens ont défilé, samedi 12 mai au soir à Tel-Aviv et dans d’autres villes, pour protester contre le budget d’austérité qui va être présenté lundi par le ministre des finances au gouvernement libéral-conservateur de Benjamin Netanyahu. Ces défilés, dans un climat d’inquiétude socio-économique, faisaient écho à la vague de contestation sociale sans précédent qui avait secoué Israël pendant l’été 2011.

Les manifestants avaient, comme tête de turc, le nouveau ministre des finances, Yaïr Lapid, populiste sorti grand vainqueur des récentes élections législatives en se présentant comme le champion des classes moyennes et de l’égalité sociale.

Pour limiter le déficit budgétaire à 4,65 % du PIB cette année et à 3 % pour 2014, M. Lapid a proposé une hausse de 1,5 % des impôts directs pour les particuliers – limitée à 1 % pour les entreprises –, ainsi qu’une augmentation de la TVA (+ 1 %) et une réduction des allocations familiales.

Les médias israéliens ont fait état de 10.000 manifestants à Tel-Aviv, haut lieu de la contestation en 2011, et de plusieurs centaines à Jérusalem, Haïfa, Modiin, Rishon LetZion et Ashdod. “Il faut prendre aux magnats, pas à nous“, pouvait-on lire sur les pancartes. Sur la sellette, Yaïr Lapid a mis en garde les manifestants contre le risque d’un effondrement de l’économie israélienne, jusque là relativement épargnée par la crise internationale.

La mobilisation pour la “justice sociale”, en sommeil ces deux dernières années, avait culminé le 3 septembre 2011 avec près d’un demi-million d’Israéliens dans la rue.

Coupes claires dans la Défense

Au moment où grandit la polémique sur ces mesures d’austérité, les principaux ministres israéliens et le chef de l’armée se sont réunis dimanche pour discuter d’éventuelles coupes claires dans l’intouchable budget de la défense. Les finances préconisent une réduction des dépenses de défense de l’équivalent de 860 millions d’euros.

Tous les ministres des finances ont cherché ces dernières années à réduire le poids de la défense, qui représente 8 % du PIB (en incluant les salaires et pensions), selon le gouverneur de la Banque d’Israël.

Mais, à chaque fois, le lobby militaro-industriel a fait échouer leurs projets. Depuis 2006, l’armée a même obtenu des rallonges budgétaires. Ainsi en 2012, les dépenses initiales prévues dans la loi de finances étaient de 55,5 milliards de shekels (12 milliards d’euros) – y compris les 3 milliards de dollars d’aide militaire américaine annuelle – et ont finalement dépassé les 60 milliards de shekels (13 milliards d’euros).

Pour 2013 et 2014, la hiérarchie militaire est bien décidée à contrer une nouvelle fois les souhaits des finances. Selon les médias, elle réclame même un supplément de plusieurs centaines de millions d’euros pour son programme quinquennal d’équipement “Oz” (2014-2019) et faire face à la montée des périls au Moyen-Orient.

En cas de guerre, s’ils coupent dans les dépenses de défense, les politiciens devront assumer leurs responsabilités“, ont prévenu des hauts gradés cités par la radio de l’armée.

Périls pour la sécurité nationale ?

Parmi les “périls” évoqués figurent la brusque montée de tension face à la Syrie et au puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, ainsi que les troubles dans le Sinaï égyptien, d’où des groupes djihadistes ont tiré des roquettes contre le territoire israélien. Sans oublier que M. Netanyahu ne cesse de proclamer qu’il n’exclut aucune “option”, y compris militaire, pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Mais l’ambitieux Yaïr Lapid, accusé d’avoir renié ses promesses électorales et en chute libre dans les sondages, a prévenu que si l’armée ne se serrait pas la ceinture, il devrait imposer des coupes encore plus sévères dans la santé, l’éducation et les budgets sociaux pour les plus démunis.

D’après le Trésor et la Banque d’Israël, il est possible de réduire le budget de la défense sans mettre la sécurité du pays en danger. “Tout Israélien qui a fait son service militaire peut parler des gaspillages (…) Je sais l’importance de la sécurité nationale pour Israël, mais il ne faut pas exagérer“, a récemment argué le gouverneur central Stanley Fischer.

Le Monde

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