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La politologue Céline Braconnier commente la montée de l’abstention, sur fond de crise et d’affaires et la montée du vote FN.

Le scepticisme sur la capacité des politiques à améliorer la vie en période de crise n’est pas nouveau. Depuis le début des années 80, la succession d’alternances gauche/droite, qui n’a pas débouché sur une amélioration de la vie des plus fragiles, renforce le sentiment que voter ne sert plus à grand-chose.

La démobilisation électorale touche d’abord les catégories populaires…

Aujourd’hui que les milieux populaires – avec le déclin du PCF et de la politisation syndicale – ne bénéficient plus de formes d’encadrement politique au travail ou là où ils résident, rien ne vient plus compenser leurs prédispositions à demeurer en retrait du vote. Comme les abstentionnistes, les votants les plus intermittents appartiennent aux catégories les plus jeunes, les plus fragiles économiquement et les moins diplômées. Aux dernières municipales, plus d’un jeune de 18-25 ans sur deux n’a pas voté, alors que c’était le cas de moins de deux citoyens âgés de 55 à 65 ans sur dix. L’abstention était aussi deux fois plus forte dans la catégorie des chômeurs et des travailleurs intermittents que chez les fonctionnaires. A chaque fois que l’abstention est forte, les citoyens les plus âgés et les plus stables sont surreprésentés dans les urnes.

La hausse du vote frontiste est de plus en plus plausible. Les indicateurs de la porosité des frontières entre vote de gauche – et notamment vote PS – et vote FN se multiplient. Des enquêtes qualitatives menées à l’occasion de la présidentielle de 2012 montraient déjà qu’une partie des électeurs de Hollande éprouvait de l’attirance pour la candidature Le Pen.

Avec un Parlement loin d’être à l’image du pays…

On ne peut pas comprendre l’éloignement des milieux populaires des partis de gauche sans tenir compte du fait que de moins en moins d’élus sont issus de ces milieux. Et ont donc expérimenté leurs conditions d’existence. Actuellement, une dizaine de députés seulement ont été ouvriers ou employés ! La politique renvoie de plus en plus à un monde autre, radicalement étranger, composé de gens riches et surdiplômés qui ne comprennent rien aux difficultés de la vie quotidienne. Il n’est du coup pas très étonnant de constater que 71% des Français – et 64% des électeurs de Hollande – pensent que les responsables politiques ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme eux. […]

Libération

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