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Sept tentatives pour rejoindre l’Europe, quatre expulsions : Karim Bahri, tunisien, raconte son périple afin d’alerter les Maghrébins qui rêvent d’ailleurs. Mais il n’envisage par de retourner dans son pays… Son portrait sur Rue 89.

«Lors de ma dernière expulsion en août 2009, 50 personnes m’ont entouré quand je suis revenu au village. C’était tous mes cousins mais je ne les connaissais pas. Ils se sont moqués de moi comme on se moque de tous les expulsés.»

Doudoune noire, jean et cheveux gominés, Karim Bahri est un jeune homme timide. Mais quand il prend la parole pour raconter son histoire, son regard en dit long sur les épreuves qu’il a traversées. En Tunisie, où il est né, en France, qui refuse depuis toujours de l’accueillir, et lors de ses nombreux voyages en mer pour aller de l’une à l’autre. […]

Comme d’autres, il s’est laissé influencer par «les frimeurs», ces jeunes «qui reviennent au bled, roulent dans leurs belles voitures avec la musique à fond», et qui, en réalité, vivent dans une misère noire en France. «Ils doivent revendre leurs vêtements pour se payer le retour» décrit-t-il, amer. […]

«Il va jusqu’à filmer des gens qui dorment par terre pour les montrer en Tunisie. Une preuve nécessaire, car là-bas, «personne ne peut croire que des Français dorment dehors ou mangent dans les poubelles».

En France, il a donné la vie deux fois et a fait reconnaître son droit de visite sur le plus jeune de ses enfants. Il est en train d’essayer de renouer le contact avec le premier qu’il a perdu de vue après sa dernière expulsion et qui vit aujourd’hui à Cannes avec sa mère.[…]

Aujourd’hui, Karim est toujours sous la menace d’une expulsion. Son avocate, maître Maktouf, qui défend de nombreux Tunisiens de Lampedusa, tente de régulariser sa situation. Elle considère que «le cas de Karim entre parfaitement dans le cadre de la circulaire Valls, qui prévoit les régularisations au cas par cas». Mais elle déplore « le zèle des préfectures qui demandent de nombreux documents qui ne sont pas réclamés par le texte».

En attendant, Karim continue la mission qu’il s’est fixée : «Je veux montrer qu’il ne faut pas risquer sa vie pour faire des allers-retours. Les jeunes doivent faire des études.» […]

Rue 89 (Merci à Centurion)

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