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La démission de Jérôme Cahuzac, la mise en examen de Nicolas Sarkozy, la forte mobilisation des opposants au mariage homosexuel, l’arrivée au 2nd tour du Front national aux législatives partielles dans l’Oise, les propos acides de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de Pierre Moscovici, l’actualité est lourde de contestation à l’égard du pouvoir en place et des élites plus largement. Certains établissent même un parallèle entre la situation actuelle de la France et celle des années 30. Mais la comparaison est-elle si évidente ?

JOL Press : Voyez-vous dans la situation politique actuelle des signes comparables à ceux qui, dans les années 30, ont conduit au recours à des hommes providentiels partout en Europe ?

Jean-Pierre Deschodt : Les hommes providentiels sont généralement portés par des mouvements de fond qui restent dans l’absolu difficiles à endiguer. Prenons l’exemple du Front national en 1934, qui se voulait un carrefour ou une courroie de transmission entre les différentes ligues nationalistes : son leader, Charles Trochu, n’a jamais été davantage qu’un élu du conseil municipal de Paris. Un autre patriote, le colonel de La Roque aurait pu prétendre incarner la dynamique nationale ; malgré des scores électoraux honorables, il n’en fut rien. Face à eux, les communistes constituaient un contrepoids qui rendait quasi impossible toute politique réactionnaire.

Force est de constater que la situation actuelle souffre d’un déséquilibre dans le rapport de force. Le Parti communiste, même renforcé par le Front de gauche – à moins qu’il ne soit gêné par lui… – atteint un étiage inquiétant, le Parti socialiste subissant pour sa part une involution électorale. À l’autre bord, l’UMP reconstitue ses forces quelque peu émoussées par l’échec des législatives et la guerre des chefs qui s’ensuivit. Quant au Front national de Marine Le Pen, il reste sur la lancée des présidentielles.

C’est dans ce contexte qu’intervient, selon Jean-Christophe Cambadèlis, le « coup de tonnerre » électoral de la 2e circonscription de l’Oise. Même si l’élection du 24 mars n’est qu’une partielle, elle n’en constitue pas moins un test grandeur nature sur un corps électoral qui se situe à 37% de votants. Quatre enseignements sont à tirer de ce vote :

1/ L’élimination de la candidate socialiste dès le premier tour ;

2/ le caractère inopérant du « front républicain » ;

3/ le vote de plus de 40% des électeurs socialistes en faveur de la candidate du Front national ;

4/ une dynamique électorale qui tourne à l’avantage de la droite non classique, 80% d’électeurs supplémentaires s’étant portés sur son nom.

Ce « tremblement de terre » est pour l’instant localisé mais s’il venait à s’étendre, il pourrait signifier la mise en place d’un mouvement « dextrogyre » (qui incline vers la droite, à l’inverse de « sénestrogyre » qui incline vers la gauche) que Guillaume Bernard a déjà constaté dans d’autres circonstances. Les conséquences seraient à mon avis, déterminantes : la droite est aujourd’hui une non gauche et à l’occasion de cette mutation, la gauche deviendrait une non droite.[…]

JOL Press

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