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[ Extrait d’interview d’Edwy Plenel. Journal algérien L’Expression. Novembre 2012. 1ère diffusion sur le site]

«Je vais vous dire, l’Algérie, c’est comme… L’Algérie c’est comme si votre jeunesse avait un lieu. Moi, ma jeunesse c’est l’Algérie et j’ai l’habitude de dire que l’Algérie m’a fait ce que je suis, avec la Martinique avant.

C’est-à-dire des pays qui ont lutté pour leur dignité, en la revendiquant. L’Algérie jusqu’à la souveraineté, les Antilles par la force, notamment, par la littérature (je pense à Aimé Césaire), mais aussi par le lien avec Frantz Fanon, qui fait le lien entre la Martinique où j’ai passé mon enfance et l’Algérie où j’ai passé ma jeunesse.

Donc pour moi l’Algérie, c’est d’abord ça. C’est comme si vous reveniez au pays.

« C’est prétentieux de dire ça. Je ne suis pas algérien, je ne suis pas martiniquais, mais c’est mon pays au sens où c’est ce pays qui m’a enseigné.

Je suis français, je suis journaliste, mais je le suis devenu grâce à l’Algérie et au peuple algérien.»

Ils m’ont appris la vertu du déplacement, la vertu de la compréhension de l’autre, la vertu du souci de l’autre. Et voilà ! Donc je suis redevable à l’Algérie et à son peuple, Français que je suis.

C’est compliqué de dire ça parce qu’en France, cela peut choquer. Je suis français mais je suis français tel que je suis parce que l’Algérie m’a fait le Français que je suis.

Elle ne l’a pas fait par naissance, elle l’a fait par éducation, par relations humaines et par étonnement. Donc quand je viens ici en Algérie, je pense à tout cela et pour moi tout ça n’est pas du passé. (…)

J’ai donné une conférence, j’ai discuté avec des jeunes qui ont l’âge que j’avais à l’époque. Et je leur ai expliqué ce qu’a dit un poète espagnol républicain, Antonio Machado. Il a dit : «Il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en cheminant.»

Mon chemin s’est fait dans l’anti-colonialisme grâce au réveil des peuples colonisés et je suis cela aujourd’hui, grâce à eux. »

L’expression.dz – Merci Ranelagh

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Complément vidéo :

Edwy Plenel : « Avec la Reconquista, c’est la fin de l’Espagne métissée. C’est un moment de clôture. De crispation de l’Europe. N’y a-t-il pas des résonances avec notre époque, où on a peur, où l’Occident se crispe ?  Avec notre époque de crispation identitaire ? »

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