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Les Trois sœurs » et « Le Fils devenu cerf », au programme du Théâtre national de Strasbourg (TNS) du 3 au 12 avril, ont été annulés. En cause : la réputation du metteur en scène hongrois, Attila Vidnyanszky, qui dirige le Théâtre national de Budapest.

Les rapports entre culture et politique ont pris une tournure inédite au TNS. Depuis le début du mois, une pétition sur internet mettait en cause la venue du metteur en scène Attila Vidnyanszky à Strasbourg. Le Hongrois devait présenter en avril deux pièces, Les Trois sœurs d’Anton Tchekhov et Le Fils devenu cerf de Ferenc Juhász. Seulement voilà : Attila Vidnyánszky a été nommé sur décision du Premier ministre Viktor Orban à la tête du Théâtre national hongrois en décembre. Dirigeant un gouvernement surveillé de près par l’Union européenne, l’homme politique s’est récemment illustré en adoptant une réforme constitutionnelle qui réduit de fait les libertés démocratiques dans son pays.

Dans la pétition, les auteurs soulignent la proximité de l’artiste avec Viktor Orban.

En ajoutant que son nouveau poste s’explique par son soutien à une « vision du renouveau nationaliste hongrois ». « D’ailleurs , poursuivent les auteurs de la pétition, le quotidien de droite Magyar Nemzet a salué ainsi sa nomination à la tête du théâtre national magyar : ‘‘La nomination de Vidnyánszky va aider à faire comprendre le mot national à ceux qui jusqu’à présent ne semblent pas vraiment le comprendre.’’ » Un cas de conscience pour le TNS, qui annonçait aussi un atelier avec le metteur en scène.

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La solution est venue de Hongrie. Prenant en compte l’analyse de Julie Brochen, qui refusait de devenir une « caution » du pouvoir politique, Attila Vidnyánszky et les comédiens ont décidé de rester au pays, provoquant l’annulation des spectacles.

En épilogue, le TNS organise une rencontre publique le 11 avril « pour réaffirmer les valeurs que sont l’indépendance et la liberté de création, la défense du théâtre et de la culture partout où ils peuvent être mis à mal, et la lutte contre l’instrumentalisation politique de la création ». Avec un cas pratique tout trouvé.

L’Alsace

(Merci à Elsasser68)

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