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Faute d’accord entre républicains et démocrates, le « séquestre » est entré en vigueur hier soir [le 28 février 2013]. Barack Obama reçoit les leaders du Congrès aujourd’hui [le 1er mars 2013].

Ca y est, le « séquestre » est entré en vigueur, hier [le 28 février 2013], à minuit. Faute d’accord sur la réduction du budget entre démocrates et républicains, des coupes automatiques de 85,3 milliards de dollars, d’ici à fin septembre, vont commencer à entrer en application.

Avec une liste impressionnante de conséquences négatives potentielles, pour les Américains comme pour les touristes du monde entier qui se rendent aux États-Unis : du chômage technique pour des centaines de milliers d’Américains, notamment pour les civils qui travaillent pour le Pentagone, des horaires restreints pour l’accès aux parcs nationaux, des files d’attente plus longues aux aéroports par manque de personnel, à la fois aux contrôles de sécurité et dans les tours de contrôle, des aides à la recherche d’emploi suspendues, des intoxications alimentaires en hausse par manque d’inspecteurs sanitaires…

Barack Obama a constamment cherché à dramatiser les conséquences des coupes automatiques, au cours des derniers jours, dans l’espoir que les Américains les imputeront aux républicains. Il s’est, par exemple, rendu sur les chantiers navals de Huntington Ingalls, à Newport News, en Virginie, pour donner un exemple. Les coupes dans la défense […] pourraient empêcher la Navy d’y envoyer des navires à l’entretien, ce qui toucherait non seulement l’entreprise en question, mais aussi ses fournisseurs, dans tout le pays.

Le président américain se montre intransigeant dans ce dossier. Comme l’ont démontré, d’abord, son discours d’investiture en janvier, puis son discours sur l’Etat de l’Union en février, il ne veut faire aucun cadeau aux républicains, à qui il ne pardonne pas leurs pratiques d’obstruction au cours de son premier mandat. La Chambre des représentants est contrôlée par le G.O.P., qui a en outre la possibilité, au Sénat, de retarder ou saboter des lois via la procédure du « filibuster ». Depuis des semaines, les deux camps sont restés dans un dialogue de sourds pour savoir comment réduire le déficit.

Les démocrates veulent augmenter les recettes fiscales en supprimant nombre d’exonérations favorables au « big business ». Les républicains estiment qu’ils ont déjà consenti à des hausses d’impôts pour les Américains les plus aisés en janvier et que c’est désormais aux démocrates d’accepter leurs demandes de coupes dans les programmes sociaux.

Aujourd’hui [le 1er mars 2013] a lieu à Washington une réunion de la dernière chance : Barack Obama reçoit les leaders républicains et démocrates des deux Chambres, John Boehner et Mitch McConnell pour le G.O.P, Nancy Pelosi et Harry Reid pour les démocrates. Mais cette réunion intervient singulièrement tard. Ce qui a fait déclarer à l’attaché parlementaire d’un élu républicain : « pourquoi le président organise-t-il une réunion vendredi alors que le séquestre doit s’appliquer jeudi à minuit ? Soit il faut que quelqu’un achète un calendrier à la Maison-Blanche, soit c’est une plaisanterie. Ils (les démocrates) devraient au moins faire semblant d’essayer ». Le ton est donné.

Reste à voir quel sera le véritable impact du séquestre. Les démocrates ont, volontiers, aligné les prévisions sombres : une amputation de 0,6 % de la croissance pour 2013, c’est plus de 750.000 emplois menacés, à un moment où le chômage refuse obstinément de descendre sensiblement de la barre des 8 %, selon le bureau du budget du Congrès. Le FMI a, lui, estimé, hier [le 28 février 2013], que la croissance américaine pourrait être en 2013 inférieure de 0,5 % à ce qu’elle aurait été sans les coupes. Il estime qu’il « y aura un impact sur la croissance mondiale. Les pays les plus affectés seront ceux qui ont les liens commerciaux les plus profonds avec les États-Unis ». Le syndicat AFL-CIO a, lui aussi, poussé un coup de gueule, estimant que le séquestre allait toucher, en priorité, les Américains les moins bien payés et aurait un impact sur la consommation.

D’autres voix s’élèvent pour relativiser. D’abord, les coupes se feront sentir progressivement. Les mises à pied ne peuvent intervenir qu’après un préavis de 30 jours. Selon Alan Blinder, de l’université de Princeton, il s’agit « seulement d’un ralentisseur » sur la route de la croissance, rien de majeur. L’agence de notation Fitch a déjà prévenu que l’entrée en vigueur du séquestre ne la conduirait pas à dégrader sa note souveraine (AAA).

Ce qui préoccupe plus, désormais, les conjoncturistes, c’est l’approche d’une nouvelle échéance potentiellement plus dangereuse : le 27 mars. C’est à cette date que le texte provisoire sur lequel est basée l’exécution du budget, actuellement, expire. Il faut donc en voter un nouveau, et les républicains semblent vouloir partir sur une base minimaliste. Une nouvelle bataille pourrait donc s’engager au cours du mois de mars. Avec, dans l’éventualité d’un échec, un gel pur et simple de l’appareil fédéral.

Les Échos

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