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Il est le seul en France. Dans un quartier du sud de Lille, le lycée Averroès est un établissement privé musulman sous contrat avec l’État, qui finance ainsi son fonctionnement. Dans le respect des règles de la République, on y pratique un islam qui revendique la tolérance et l’ouverture aux autres comme valeurs fondamentales. L’enseignement y est assez proche de celui des écoles catholiques. À quelques différences près, cependant. […]

Hassan Oufker, le directeur, est un homme jeune, à la courtoisie souriante. Pourquoi Averroès ? Le nom du philosophe arabe du XIIe siècle n’a pas été choisi au hasard. Il est le symbole de l’islam tolérant. « C’était un Européen, investi dans la société et de culture musulmane. Tout notre projet d’éducation », explique-t-il.

L’établissement a ouvert ses portes en 2003, dans les locaux de la mosquée, sous l’impulsion du recteur de la grande mosquée. Débuts difficiles : 12 élèves seulement. Mais ensuite, le succès a été foudroyant. Seconde, première, terminale. À chaque rentrée, les effectifs augmentent, des classes ouvrent. En S, ES, L et STMG, une filière technique. […]

Aujourd’hui, le lycée Averroès compte 290 élèves et reçoit deux fois plus de demandes d’inscription qu’il n’a de places disponibles. Alors, l’enseignement musulman, soluble dans la laïcité républicaine ? Pas moins que l’enseignement catholique, assure le directeur. Mis à part quelques enfants de convertis, tous les élèves appartiennent à des familles de culture musulmane. « Mais nous acceptons tout le monde et ne posons jamais la question de la religion, y compris aux professeurs. »

Dans le couloir, on croise une petite troupe joyeuse qui sort de cours. Des jeunes filles, dont la plupart portent le foulard. Et la loi qui l’interdit dans les écoles ? « Elle ne vaut que pour l’enseignement public, l’enseignement catholique s’est aligné. » Le Niqab (1), en revanche, est prohibé et une réflexion est en cours sur le port des robes longues et des châles.

Une pièce jonchée de tapis : c’est la salle pour les prières quotidiennes, jusqu’à quatre par jour en hiver. « Dans ma classe, presque tout le monde les fait : en début et fin de journée, aux récréations », détaille Anissa, 16 ans, élève de 1re S. L’établissement propose aussi des cours d’arabe classique et d’éthique ¯ en fait, de religion. […]

À Lille, la communauté musulmane est-elle consciente que la multiplication d’établissements musulmans dans le pays pourrait alarmer une partie de l’opinion ? « Si les Français musulmans ne trouvent pas de réponse à leur demande, ils vont chercher ailleurs, argumente Hassan Oufker, en pointant la tentation des sirènes intégristes. L’enseignement musulman sous contrat va dans l’intérêt de la paix sociale car, quand un établissement est sous contrat, on sait ce qui se passe dedans ».

Ouest France

Merci à Monsieur Fernand

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