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Confrontées à des dérives communautaristes, les entreprises ont du mal à afficher une position claire. Enquête.

La scène s’est déroulée l’été dernier, au dépôt de bus de Nanterre. L’un des plus importants de la RATP, avec ses quelque 680 machinistes. Ce jour-là, une vingtaine de femmes conductrices de bus, dont plusieures membres de la CGT, dénoncent les discriminations dont elles se disent victimes au quotidien, et qui seraient, selon elles, le fait d’une poignée d’agents musulmans professant une lecture rigoriste du Coran.

Dans une vidéo, elles stigmatisent les insultes sexistes. Racontent que ces individus refusent de leur serrer la main. Des cas similaires sont signalés dans d’autres dépôts. Plusieurs syndicalistes mentionnent les centres de Pleyel (Seine-Saint-Denis), de Charlebourg (Hauts-de-Seine), d’Asnières (Hauts-de-Seine) et du Point du Jour (Paris). (…)

Car au-delà de l’affaire de la viande halal, les actes discriminatoires de petites minorités à l’encontre de personnels au sol de Roissy seraient nombreux.

Un agent de nettoyage musulman ayant bu de l’alcool pendant le Ramadan aurait été menacé par des coreligionnaires ; un travailleur de la piste a refusé de parler à une femme pilote et exigé de communiquer avec elle par l’intermédiaire d’un homme ; plusieurs mains courantes de personnels d’encadrement auraient été déposées auprès de la PAF et de la gendarmerie de l’aérogare, signalant des actes d’agression ou des pression ayant trait à la religion ; le 3 janvier dernier, un travailleur a menacé de détruire les décorations de Noël de la cantine du personnel au sol du terminal 2E, au prétexte qu’on n’y proposait pas de viande halal…

« La situation est bien plus grave dans les entreprises de sous-traitance, dont Servair, une filiale d’Air France où l’écrasante majorité des travailleurs sont de culture musulmane, s’inquiète un administrateur salarié d’Aéroports de Paris. Des délégués du personnel relayent des demandes de salles de prière, de cantines halal et d’aménagements d’horaire pour respecter le rite. » « Il y a carrément un recrutement ethnique dans les sociétés de sous-traitance », enchaîne Mounir Matili, secrétaire CGT du CE Air France Exploitation. David Ricatte, lui, raconte que « le préfet chargé des aéroports de Roissy et du Bourget a déjà opéré plusieurs retraits de badges d’accès aux pistes de travailleurs aux comportements incompatibles avec leur métier »…

Les cas de la RATP et d’Air France ne sont pas isolés. « Certaines agences commerciales d’Orange ont dû rester fermées pendant le Ramadan en raison de l’absence de plusieurs employés » (…)

Tous les ans, FO publie par ailleurs deux calendriers, l’un grégorien, l’autre musulman. Dans ce dernier figurent l’horaire des prières, les fêtes musulmanes et aussi « les recommandations de la tradition », c’est-à-dire les explications du rituel religieux. « C’est un service rendu aux travailleurs », justifie Brahim Aït Athmane. Il y a trente ans, des « accommodements raisonnables » de ce type étaient possibles. Mais pour Isabelle Barth la situation est différente aujourd’hui.

Les entreprises sont confrontées à des revendications « plus fortes », qui les amènent généralement à adopter trois types d’attitudes insatisfaisantes : « le déni, l’acceptation pour ne pas être taxées de racisme et la délégation à l’encadrement de la résolution au cas par cas de ces problèmes ». (…)

Les Echos

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