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Utilisée comme argument pour justifier le mariage homosexuel, la théorie du genre est vite oubliée devant un tribunal qui juge de la nature des liens parentaux en cas de divorce. La France n’a-t-elle qu’une vision opportuniste du débat sur le genre ?

tlantico : La théorie du genre est un courant de pensée expliquant que le sexe sociologique de chaque individu est la résultante de choix personnels et d’influences extérieures plutôt que de biologie. Utilisée comme argument pour justifier le mariage pour tous, on constate pourtant que celle-ci est vite oubliée devant un tribunal qui juge de la nature des liens parentaux en cas de divorce. La France n’a-t-elle qu’une vision opportuniste du débat sur le genre ou est-elle totalement schizophrène ?Vincent Cespedes : La théorie du genre nous vient de nos camarades anglo-saxons et propose une déconstruction de l’aspect biologique des catégories que sont le féminin et le masculin. Celles-ci sont considérées comme n’étant construites que sur une base sociale. Dans les faits, cette théorie n’est pas transcendante de nouveauté non plus puisque Simone de Beauvoir défendait déjà cette logique. Il est évident qu’il est dramatique de faire intervenir la biologie dans un jugement de divorce car bien qu’un père ne mette pas son enfant au monde, ni ne l’allaite, il ne lui est pas moins lié ou n’est pas moins important dans son éducation. De la même manière, la supposée douceur maternelle est tout à fait compensable par un père affectueux et tendre. Il existe cependant dans l’imaginaire commun une archaïque répartition des rôles qui a été ancrée de force dans nos cerveaux mais qui est mise à mal par le sentiment grandissant que les pères doivent avoir plus qu’un rôle de géniteur. De plus toutes les études montrent que la structure cérébrale d’une femme et d’un homme ne sont pas plus différentes que celles de deux hommes ou celles de deux femmes puisque 90% des connexions neuronales se mettent en place après la naissance. Sans pour autant nier les genres biologiques, il faut absolument casser la culture qui les entoure. (…)

La France peut-elle réellement basculer vers une généralisation des genders studies comme s’en inquiètent certains ou son ADN culturel y est-il trop profondément opposé ?Vincent Cespedes : Nous allons y venir car notre société va tendre vers une bisexualité intellectuelle qui nous mènera à pouvoir faire l’amour avec qui on veut sans pour autant ressentir le besoin de se revendiquer d’une préférence sexuelle précise. Les vingtenaires se défont déjà de plus en plus du sexuel et il y a déjà un gap avec les trentenaires dont certains sont encore assez homophobes et complexés par la sexualité. Je ne parle même pas des homos, je parle de l’ensemble d’une génération qui répondait en majorité dans un sondage récent qu’elle ne voyait aucun problème avec le fait d’avoir un fils ou une fille homo. L’homophobie comme le racisme n’est que le relent d’une crispation identitaire qui va disparaître avec le temps. C’est une question de génération. C’est aussi une question de tolérance, avec les vingtenaires qui arrivent, avec la tendance des réseaux sociaux, il y a une grande tolérance. On voit que les homosexuels ne sont pas des monstres, et peuvent être de bons pères. Les vies privées se partagent plus et, même si c’est dommageable à certains niveaux (frontière privée / publique), c’est une formidable avancée. Là encore, on doit se dire fier d’être homosexuel par réaction à l’homophobie. Quand l’homophobie n’existera plus, l’étiquetage ‘homosexuel” ne voudra plus rien dire.

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