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Atlantico : Du 16 février au 3 mars 2013 se déroule la Semaine anti-coloniale où sont consacrées les luttes anti-coloniales, d’hier et d’aujourd’hui. Rosita Destival, une Française d’origine guadeloupéenne, descendante d’esclaves, a assigné l’Etat pour crime contre l’humanité. Elle est soutenue par le Conseil représentatif des associations noires (Cran) qui estime que le gouvernement n’a pas tenu les promesses faites en matière de réparations. Dans ces cas-là, comment faire la part des choses entre ce qui relève de la juste reconnaissance du passé et de la repentance ?

Dimitri Casali : Ces associations communautaires et groupes de pression sèment une fois de plus un sentiment de haine et de suspicion entre tous les Français, creusant encore plus le fossé qui les sépare. Nous sommes le seul peuple au monde (à l’exception des Allemands pour les raisons que nous connaissons tous) à cultiver la repentance à un tel niveau. Si on écoutait ces associations, on condamnerait bientôt Périclès ou Jules César pour crime contre l’Humanité pour avoir pratiqué, institutionnalisé et défendu l’esclavage dans leurs cités. On oublie sans cesse de replacer l’Histoire dans le contexte général et de rappeler, simplement, que depuis la plus haute Antiquité, l’esclavage était pratiqué par toutes les sociétés et ne scandalisait pas. Cela paraît fou, mais c’était alors la loi du vainqueur. Bien sûr, il faut dire et redire combien la traite négrière fut un commerce abominable et injustifiable, et que cette époque est à jamais révolue. Il faut condamner, mais préciser aussi que l’esclavage n’a pas été le fait des seules nations occidentales, mais bien du monde entier. Il faut condamner, mais sans occulter un fait fondamental : les première nations au monde à avoir aboli et interdit l’esclavage sont l’Angleterre (1833), le Danemark (1847) puis la France (1848). Donc au lieu de distiller ces idées de haine, il faudrait plutôt célébrer le fait positif que les nations européennes ont été les premières au monde à y mettre fin. Ou alors, exigeons que le monde entier fasse son mea culpa (aussi bien les pays européens qu’arabes, africains et asiatiques). Ces associations feraient mieux de s’occuper de ce qui se passe aujourd’hui puisque l’esclavage persiste encore de nos jours. La Mauritanie n’a adopté une loi qui réprime la détention d’esclave qu’en 2007, le Mali et le Niger pratiquaient l’esclavage jusque dans les années 1980. En ce moment même, le combat contre l’esclavage perd du terrain au Soudan, au Congo, mais aussi au Yémen ou à Oman. Le nombre de pays ne respectant pas les standards internationaux pour lutter contre ce fléau a doublé, atteignant un total de vingt-trois selon rapport annuel du Département d’État américain. Le travail forcé, la traite sexuelle, l’exploitation des travailleurs émigrés concerneraient 27 millions d’individus en 2012.

Pourtant, rien ne justifie, et surtout pas le droit international, que les Français aient, cent soixante huit ans après, à endosser collectivement la marque des malheurs et des sévices de l’Histoire. «  Le mal n’est pas une maladie collectivement transmissible et le passé n’est pas une fatalité », a écrit justement l’historien Jean-Pierre Rioux. Mais depuis une dizaine années les lois mémorielles et en particulier la loi Taubira (2001) ont incité ces groupes communautaires à se définir comme des victimes de crime contre l’Humanité dont ils aiment se présenter comme des descendants directs. (…)

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