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Atlantico : Quelles sont les réalités de l’ingérence étrangère dans l’islam de France ?
Hassen Chalghoumi : Il est clair que la majorité des lieux de prière en France sont gérés par des ambassades. La Grande Mosquée de Paris est gérée par l’Algérie, le RMF (rassemblement des musulmans de France) est géré par le Maroc et plusieurs mosquées sont directement dépendantes de la Turquie, de l’Egypte et du Qatar. Nous réalisons très bien qu’il y a une grande ingérence.
Haoues Seniguer : L’inquiétude de Hassan Chalghoumi peut se comprendre dans la mesure où il a lui-même, par le passé, fréquenté des madrasas (écoles religieuses traditionnelles où l’on mémorise notamment le Coran) en Syrie, en Inde, au Pakistan, etc. à tel point qu’il a même été favorable, au moins un temps, au voile intégral. Ses prises de position récentes peuvent donc s’éclairer à la lumière de cette expérience peut-être traumatisante de ses premières années.
Maintenant, il faut être précis sur la nature des dites ingérences, réelles ou supposées. Elle peut être de deux types : d’abord, au niveau théorique, du fait de la mondialisation il est vrai que les idéologies circulent facilement, se diffusent très largement d’un espace à un autre, avec, dans le paysage islamique français, la prééminence indubitable de l’idéologie des Frères musulmans qui s’est très bien implantée toutes ces dernières années dans l’hexagone. (…)
Quels sont les principaux acteurs de cette ingérence ? D’où viennent-ils et quelle est leur organisation ?
Hassen Chalghoumi : Les Frères Musulmans ont une influence notable qui est d’ailleurs connue de tous, même de l’Etat. Il y a une centaine d’imams qui viennent d’Algérie avec un contrat de quatre ans, de même pour les imams Marocains et Turcs.
Haoues Seniguer : Outre les pays que je viens de mentionner, je montre très largement dans un article paru hier dans la revue scientifique Confluences méditerranée, que les pays tels que le Qatar, s’invitent de plus en plus dans l’islam, en dehors de leurs propres frontières. D’ailleurs, le Qatar pourrait faire une percée au niveau de l’islam européen en général, et français en particulier, dans les prochaines années, en raison de la proximité de plus en plus grande entre nos deux pays, et de l’implantation de l’idéologie des Frères musulmans en Europe, laquelle est particulièrement prisée par la seconde épouse de l’Émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani, la cheikha Moza bint Nasser Al-Misnad. Ne perdons pas de vue également que cette dernière est proche de Yûsuf Al-Qaradhâwî, théologien islamiste de notoriété mondiale. À ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que Tariq Ramadan, qui jouit d’un grand prestige auprès du public musulman francophone, et qui est souvent invité en France par différentes associations ou organisations musulmanes, a inauguré, en mars 2012, à Doha, le CILE (Centre de Recherche sur la Législation Islamique) dont il est depuis lors le directeur. Ce centre est justement financé et est largement soutenu par la seconde épouse de l’Émir du Qatar. (…)
Atlantico

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