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Loin de l’augmentation des prix du loyer des grandes villes, le monde rural n’échappe pas à la déliquescence des conditions de logement des Français.

Du plomb dans les murs, des fenêtres sans joints qui laissent passer le froid hivernal dans l’ensemble de la maison, une atmosphère humide due aux fuites d’eau dans chaque chambre… C’est dans ces conditions plus que difficiles que vivent depuis maintenant deux ans Létitia Goumain, son compagnon, leur fille de 5 ans et leur bébé de 13 mois.

« Mes enfants sont perpétuellement malades, les travaux que l’on réclame depuis notre arrivée n’ont jamais été faits… Quand on arrive à joindre le propriétaire, il nous répond que si l’on n’est pas contents, on est libre de partir. Il sait bien que l’on est coincés ici », explique la jeune femme de 31 ans.

Dans le petit village de Touquin, près de Coulommiers en Seine-et-Marne, qui compte à peine plus de 1.000 habitants, quatre appartements, tous dans le même immeuble et appartenant au même propriétaire, sont désormais considérés comme indécents en terme d’habitation par l’Agence régionale de santé (ARS), chargée de veiller au respect des normes sanitaires en Île-de-France.

« Ce n’est pas encore de l’insalubrité, l’étape du dessus en termes de défaillances sanitaires et qui permettrait de lancer une procédure administrative, mais c’est déjà du mal-logement », explique Adeline Bouc, de l’association AIPI (Ateliers pour l’initiation, la production et l’insertion), partenaire de la Fondation Abbé Pierre dans le département de Seine-et-Marne et qui a alerté les pouvoirs publics dans cette affaire. « On est au début de la procédure mais on espère avancer très vite. C’est pourtant bien difficile avec un propriétaire qui change en permanence d’adresse et de numéro de téléphone. »
Le parcours de Létitia Goumain est symptomatique de celui de nombreux mal-logés des zones rurales : une situation sociale précaire qu’un accident de parcours vient faire chanceler. Employée comme vendeuse dans une animalerie, elle est licenciée économiquement. Son compagnon, maçon, ne peut subvenir aux besoins du couple et les voilà obligés de quitter leur appartement avec leur petite fille pour aller vivre dans un hôtel grâce à la Caisse d’allocation familiale (CAF).
Quand elle entend parler par une amie d’un trois-pièces disponible à Touquin, elle saute sur l’occasion. Pourtant dès le départ, l’affaire s’avère être une escroquerie. Des fuites au plafond, des branchements électriques hasardeux, une isolation inexistante, une toiture défectueuse… Les conditions de vie sont dures, mais pas question pour la jeune femme de retourner à l’hôtel.
« Le loyer n’est même pas donné, explique-t-elle. 740 euros par mois. Il nous l’a loué pour 70 m2 mais quand l’ARS a fait faire l’analyse du plomb dans les murs, ils n’ont mesuré que 58 m2… Les autres locataires sont partis dès qu’ils ont trouvé mieux ailleurs mais ce n’est pas facile de trouver un appartement pour quatre, de nos jours. »
Le changement de locataires rend d’ailleurs la tâche plus ardue à l’AIPI qui tente de les aider. « Les locataires tournent car ils en ont assez et on les comprend mais du coup les démarches s’arrêtent et il faut tout recommencer à chaque fois. La mairie a mis en demeure le propriétaire d’effectuer les travaux, mais rien n’y fait. On a saisi le procureur en mai 2012, nous attendons, nous n’avons pas de nouvelles », avoue un peu dépitée Adeline Bouc.
Mediapart

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