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(…) Le raisonnement du gouvernement pourrait se défendre si le problème ne se posait que sous un angle pratique. Poursuivre les centaines de milliers d’internautes qui publient des propos racistes ou homophobes sur le Web nécessiterait une armée de procureurs, de juges et d’avocats.
Sans compter que l’identification des citoyens français ne peut se faire qu’a posteriori, une fois l’enquête aboutie et l’adresse IP obtenue de la part de la plateforme, sur réquisition judiciaire. Il faudrait donc aussi enquêter sur les étrangers avant de se rendre compte qu’ils ne tombent pas sous le coup de la juridiction française… Un casse-tête magistral qu’il est tentant de confier aux réseaux sociaux eux-mêmes, via l’autocensure des contenus, sans intervention de l’État ou de la Justice.
Mais cette solution met de côté la démocratie et la liberté. “Les dérapages sur Twitter sont des propos de café du commerce dont les réseaux sociaux ne sont que le thermomètre”, expliquait la semaine dernière Guillaume Buffet, président du think tank Renaissance numérique. Un ras-le-bol partagé : “Demandez aux procureurs d’agir systématiquement contre les propos homophobes, racistes ou antisémites, mais ne rendez pas l’outil responsable de l’usage : c’est la première étape de la sortie de l’État de droit”, renchérit Benjamin Bayart, président de French Data Network, sur PC INpact.

“Rendre les intermédiaires techniques responsables de ce que font les utilisateurs, c’est rétablir un système féodal” : chacun fait sa loi sur son territoire. Mais c’est aussi “supprimer (le) statut d’adulte responsable”, ajoute-t-il. (…)

Le Point

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