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Chroniqueur du Guardian, Jason Farago a salué l’intervention de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, demandant au réseau social Twitter d’aider le gouvernement français à criminaliser les idées qui lui déplaisent.
Décrétant “les tweets haineux […] illégaux”, Farago ajoute avec enthousiasme que la ministre française n’a pas l’intention de se contenter de poursuites judiciaires et compte à présent “obliger Twitter à prendre des mesures pour pénaliser les messages de haine” en modifiant “tout le système opératoire” du réseau et en demandant “la mise en place d’alertes et de mesures de sécurité” pour empêcher la publication de tweets jugés haineux par les autorités.

Voilà qui est formidable, s’exclame mon confrère qui – reprenant l’argument de tous les tyrans et de toutes les censures – estime que les nouvelles technologies rendent la liberté de parole bien trop dangereuse :

“Si seulement nous vivions encore au 18e siècle ! Hélas, nous ne pouvons plus croire aujourd’hui que la liberté de parole est le privilège de parfaits citoyens réunis dans un merveilleux salon des Lumières où tous les points de vue sont écoutés et où le plus noble s’impose naturellement. (…)
A aucun moment de son plaidoyer pour la censure Jason Farago ne considère la possibilité que l’Etat puisse interdire des idées que lui-même approuve et pas seulement celles qu’il désapprouve.
Les partisans de la censure sont tellement convaincus de leur bien-fondé et de l’incontestable justesse de leurs opinions qu’il ne leur vient même pas à l’esprit que certaines de leurs propres opinions puissent un jour figurer sur la liste noire.

L’incroyable aveuglement de ces gens m’a toujours consterné. Comment peut-on être à ce point convaincu de sa propre infaillibilité et s’arroger le droit non seulement de décréter quelles idées sont mauvaises mais en plus d’utiliser l’autorité de l’Etat pour empêcher leur expression et punir ceux qui les professent?

L’histoire montre inlassablement que les vérités objectives et incontestables d’une génération paraissent un jour complètement absurdes, ou pires, à la génération suivante. Tous les plus grands dogmes – dont le caractère si juste et irréfutable justifiait que l’on punisse par la loi toute forme de contestation – ont fini par être démystifiés ou au moins discrédités. Il n’existe pas de formule scientifique pour déterminer ce qu’est un “discours haineux”. C’est une qualité intrinsèque et subjective.

Chaque rubrique de commentaire sur Internet le montre, y compris celle qui suit l’article de Farago et où de nombreux lecteurs conservateurs ou “New Labour” se sont empressés de noter que le véritable “discours de haine” se trouvait dans les colonnes du Guardian lorsque celui-ci critiquait Israël, les Etats-Unis ou d’autres institutions occidentales chères à leurs cœurs.
A leur sens, il faudrait commencer par censurer les chroniques gauchistes du Guardian s’il fallait interdire les propos haineux.

Nul pouvoir n’est plus dangereux et plus destructeur que celui qu’exerce un Etat pour supprimer et criminaliser les opinions qui lui déplaisent.

Courrier International

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