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« Nous (aussi) sommes la nation » ou comment la campagne du CCIF évacue la question raciale
Être héritiers ou ne pas l’être, telle est la question. Nos anciens nous ont offert un adage « ‘arbi, ‘arbi wa louken el colonel Bendaoued(3) » . Cette simple formule réfute avec une intense lucidité l’illusion intégrationniste. Elle dit : tu es un arabe et tu le resteras quoi que tu fasses. « Arabe » ici, ne signifie pas appartenance à un groupe culturel et linguistique. Il signifie « race subalterne ». Cette formule de la conscience coloniale algérienne ajoutée à notre expérience des discriminations, générations après générations, devrait suffire à nous vacciner contre l’illusion intégrationniste. Et pourtant, le CCIF s’illusionne. Du moins en apparence.
Première illusion : l’égalité serait déjà là. Pour pouvoir dire « nous sommes la nation », il faudrait déjà être des égaux. Or, discriminés, ghettoïsés, injuriés quotidiennement par les medias mainstream, nous ne sommes pas la nation. Le présupposé de la campagne est pourtant bien que c’est en l’affirmant et en faisant la démonstration de la présence indigène que nous serons (aussi) la nation. Nous ne pouvons pourtant pas être de cette nation, de cette identité nationale, entièrement construite sur une identité blanche, européenne et chrétienne. C’est pourtant cette ambition qui anime l’un des visuels de la campagne du CCIF.
L’une des affiches de la campagne fait en effet référence au serment du Jeu de paume : imitant la célèbre toile de David qui a immortalisé l’événement, l’image représente des musulmans qui tiennent le rôle des députés des États généraux, certains arborant un drapeau tricolore, tandis qu’au premier plan trois personnages figurent respectivement un catholique, un juif et un sikh.
Cette image est là pour inscrire les musulmans dans la continuité nationale. Les musulmans qui ont la carte d’identité française seraient ipso facto des Français, jusqu’à s’inscrire dans l’histoire de France à un moment bien précis : celui de la constitution de la France comme État-nation. Cette stratégie de communication révèle ici sa propre impasse intégrationniste. […] PIR

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