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La chancelière allemande Angela Merkel n’exclut pas un effacement à terme d’une partie de la dette publique grecque, dans une interview publiée dimanche 2 décembre par le journal allemand Bild am Sonntag. “Si la Grèce prend un jour à nouveau ses revenus en main sans contracter de nouvelles dettes, nous devrons examiner et évaluer la situation. Cela ne surviendra pas avant 2014/2015 si tout se passe comme prévu”, explique-t-elle.

“L’actuel programme d’aide à la Grèce court jusqu’à 2014. Et nous avons donné deux ans supplémentaires, jusqu’en 2016, à la Grèce pour qu’elle atteigne certains objectifs budgétaires”, a-t-elle ajouté. C’est la première fois que la chancelière conservatrice évoque l’éventualité d’un effacement de la dette grecque, un sujet particulièrement délicat pour les contribuables et électeurs allemands, à moins d’un an des élections législatives dans le pays, prévues pour le 22 septembre 2013.

Pour l’instant, la crise de l’euro a été relativement indolore pour l’Allemagne. Grâce à son image d’“ancre de stabilité” économique, elle bénéficie même de faibles taux d’intérêts. Le vent pourrait en revanche vite tourner pour Mme Merkel, actuellement personnalité politique la plus populaire du pays, si les Allemands étaient réellement touchés.

DÉBAT EN ALLEMAGNE

Depuis plusieurs semaines, le principal parti d’opposition, les sociaux-démocrates (SPD), reprochait à Mme Merkel de ne pas dire la vérité sur la Grèce. Le candidat à la chancellerie pour ce parti, Peer Steinbrück, avait ainsi accusé cette dernière de “faire la danse des sept voiles” sur la Grèce, dans un discours devant les députés allemands, le 21 novembre dernier.

Selon un journal régional paru mardi dernier, Mme Merkel avait affirmé en petit comité devant des députés de son camp que l’effacement de la dette de la Grèce ne serait “pas une solution”. Et elle avait insisté sur le fait que si un effacement de dette était accordé à la Grèce alors d’autres pays pourraient aussi faire une requête en ce sens, selon ce journal. Vendredi, les députés allemands avaient donné sans surprise et à une large majorité leur feu vert aux mesures adoptées en début de semaine par la zone euro pour sauver Athènes de la faillite.

Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, avait alors fermé la porte à un effacement de dette grecque. “Les spéculations actuelles sur un effacement de dette sont exactement le mauvais signal que nous ne devons pas envoyer, surtout si nous voulons continuer à soutenir la Grèce sur ce chemin difficile”, avait-il dit, ajoutant : “ces fausses spéculations ne résolvent pas le problème”.

L’Eurogroupe et le FMI ont approuvé dans la nuit de lundi à mardi un ensemble de mesures pour ramener la dette grecque à 124 % du produit intérieur à l’horizon 2020. Les créanciers privés de la Grèce ont accepté une forte décote sur leurs titres cette année et le Fonds monétaire international estime que les pays membres de la zone euro devront accepter des pertes sur la dette grecque pour ramener celle-ci à un niveau soutenable et éviter un défaut de paiement.

Le Monde

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