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Quelles sont les conséquences sur la personnalité et les actes de ceux qui sont victimes de racisme : une publication bruxelloise s’est partiellement donné pour objectif de répondre à la question. Un portrait de la jeunesse d’origine étrangère y apparaît, entre sentiment d’injustice et colère.

L’étude publiée par Jacinthe Mazzocchetti pour la revue scientifique Brussels Studies s’attache à essayer de comprendre le quotidien de ces jeunes que beaucoup appellent “allochtones”. Le terme est  vague, et ne peut caractériser une population qui, rappelle l’auteure, représente une grande partie des habitants de la capitale.
L’anthropologue a interrogé des jeunes Bruxellois de 12 à 22 ans, habitant dans des endroits précarisés de la ville. La description de leur quartier, de leur école, de leur quotidien, mais aussi leurs interprétations des évènements de leur vie ont été prises en compte dans des entretiens et des observations.
[…] Mais il n’y a pas que les lieux dans lesquels ils vivent qui les discriminent : ces jeunes-là sont l’objet de réactions négatives bien réelles. Racisme à cause de leur “couleur”, de leurs origines ou de leur religion : les médias sont souvent à l’origine d’amalgames, et les faits rapportés à leur propos sont souvent négatifs, parfois compatissants, souligne l’auteure.
Ils sont loin d’être dupes : “Dans les médias, ils font exprès de parler de nous comme ça. On joue avec la peur, et donc, quand on voit un Noir, on a peur, s’exclame Dido, Belge né en RDC.

L’amalgame entretenu, volontairement ou pas, entre la religion musulmane et le terrorisme met d’autres jeunes dans la position d’une justification permanente.

Ballotés entre différentes images d’eux-mêmes, ces jeunes-là n’en retrouvent aucune qui puisse leur servir de modèle positif. Même pas dans l’histoire de leur famille, ou de la contrée d’origine de leurs parents, “humiliés” parce qu’exilés. S’y ajoute une confrontation permanente avec les forces de police, qui trouve son origine dans des contrôles permanents et, pensent-ils, peu justifiés.

Une “spirale de la surenchère” se met en place, écrit la chercheuse. Dans leurs têtes, c’est de l’oppression… qui conduit à une théorie du complot dont les médias seraient complices. Et leur réaction : c’est la colère.

Quand elle s’exprime, elle fait mal, et contribue à alimenter le cercle vicieux. Une colère identitaire, culturelle, qui masque les enjeux réels, économiques ou sociaux : puisqu’on le juge d’après son origine, Yacine affirme : A partir de ce moment-là, je me suis plus intéressé aux racines de mes parents, en particulier à celles de mon père.
Les tensions et la colère repérées dans les écoles et les quartiers bruxellois ne présage rien de bon“, écrit Jacinthe Mazzocchetti. Agir rapidement, tant pour l’école que pour le logement, est indispensable. Réfléchir aux moyens de répondre aux défis que comporte l’équation “être Belge et différent” est urgent.
 rtbf.be

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