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Nicolas Jounin, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis, est favorable à la suppression de Sciences Po accusée de contribuer à la «reproduction des hiérarchies sociales».
Du rapport de la Cour des comptes sur l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et la fondation privée qui le parraine, alias “Sciences Po”, on risque de ne retenir que les acrobaties de quelques notables destinées à «obésifier» leur portefeuille. […] Au-delà des irrégularités de gestion, ce rapport nous apprend que Sciences Po demeure un établissement d’où les classes populaires sont exclues. Après une décennie de matraquage médiatique sur la diversification qui aurait été entreprise par le directeur Richard Descoings, sur les «conventions ZEP», sur «Sciences Po en banlieue», voilà où nous en sommes : en 2010-2011, les enfants de «cadres et professions intellectuelles supérieures» représentent 63,5 % des étudiants entrant en premier cycle (54,1 % en second cycle), contre 57,6 % quatre ans plus tôt (55,2 % en second cycle). […] Rituel d’intronisation et point de contact des futures élites de la politique, de l’administration, des entreprises, du journalisme ou de l’académie, le passage par Sciences Po constitue, d’un point de vue collectif, un moment de socialisation et d’homogénéisation de la classe dirigeante ; et, d’un point de vue individuel, une accumulation primitive de “capital” qu’il convient de faire “fructifier”, selon les termes de l’association des anciens lorsqu’elle invite à la rejoindre. […] On pourra m’accuser de cracher dans la soupe ou d’oublier d’autres «grandes écoles», universités qui aspirent à en être, dont le rôle dans la reproduction des hiérarchies sociales n’est pas moins actif et pas plus justifié. Mais il faut bien partir de quelque part quand on veut mettre le goût de la démocratie dans la tambouille de l’enseignement supérieur et se débarrasser des recettes nauséabondes qui font la noblesse d’Etat.
Le Monde

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