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(…) Entre 2008 et 2012, la fracture s’est accentuée. Jamais, depuis l’élection de Ronald Reagan en 1981, un candidat n’a obtenu une part aussi importante du vote blanc que Mitt Romney. Pour Obama, c’est le contraire : le président l’emporte en ne rassemblant que 39 % des suffrages de la population blanche.

Elu grâce aux votes des minorités (la part de l’électorat de couleur a été multipliée par trois au cours des quatre dernières décennies), Barack Obama a notamment remporté 93 % des suffrages afro-américains.

Certains, dans le camp républicain, espéraient que les premières victimes de la crise économique et de la montée du chômage bouderaient “leur” président, et donc les urnes. Mais les attaques de la droite envers le premier président de couleur ont contribué à les mobiliser. Les offensives outrancières des conservateurs les plus zélés ont même forcé Barack Obama à rendre public son acte de naissance. Mais leur stratégie a en partie porté ses fruits : d’après les sondages, environ 40 % des sympathisants républicains sont convaincus qu’Obama est musulman et né au Kenya.

Ces clivages de plus en plus marqués reflètent les mutations démographiques.

La population blanche devrait être minoritaire à partir de 2050. Blancs, Latinos et Afro-Américains représenteront alors, chacun, environ 20 à 30 % de l’ensemble des Américains.

“La rage d’une partie des Blancs qui s’est exprimée pendant la campagne de 2008 ne présageait rien de bon et elle s’est encore intensifiée, analyse Mark Naison, professeur d’études afro-américaines à l’université de Fordham, à New York.

L’Amérique ne sera bientôt plus un “pays de Blancs” et ça les terrifie.” Les plus optimistes espèrent un rapport de forces plus égalitaire entre les différentes communautés, mais au Parti républicain, la partie s’annonce délicate. “Leur principal moteur est la peur et la colère des Blancs envers les gens de couleur ou encore les gays, poursuit Mark Naison. S’ils lancent une opération de séduction envers les minorités, ils perdront leur électorat de base, mais s’ils ne le font pas, ils n’auront aucune chance de gagner. Il va falloir qu’ils trouvent un autre sujet rassembleur.” (…)
Le Monde

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