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Le succès de Bref, la minisérie de Canal +, était révélateur du malaise des trentenaires d’aujourd’hui qui naviguent entre la nostalgie désabusée et la rage contenue. Explications d’un phénomène.

(…) Notre génération n’en est pas une, désagrégée qu’elle est.

Vingt ans de mondialisation, ce sont avant tout deux décennies de création de besoins artificiels, d’ultracommunication et de mise en compétition de la masse de jeunes diplômés.

La conscience de classe a disparu tout comme le sentiment d’appartenir à une nation depuis que Bruxelles est devenue notre capitale.

Apple a eu le temps de faire main basse sur notre vie en société, la prolifération des médias ciblés (par tranches d’âge, sexe ou origines) ainsi que l’avènement des réseaux sociaux a fini par nous faire croire que nous étions uniques. Mais unique, tout le monde cherche à l’être. Nous sommes des uniques désunis, vivotant dans notre coin en milieu urbain ou périurbain, laissés KO par ces élites dirigeantes post-68.

Les pavés lancés en Mai 68 nous sont retombés sur la tronche.

Les anciens rebelles d’hier dégoisent à longueur de temps sur les plateaux télévisés pour se lamenter sur la « sinistrose » frappant les jeunes diplômés d’aujourd’hui et empruntent un air obséquieux pour parler de leur époque où « tout était possible quand on s’en donnait la peine ». Comme si nous étions coupables d’avoir été propulsés dans cet univers néolibéral, ultraconcurrentiel et déloyal où la centrale d’appels est un Eldorado. Comme si nous avions à nous flageller d’avoir été jetés désarmés dans cet océan instable dans lequel ils ont eux-mêmes fait grandir la meute de requins. Comme si nous étions des Don Quichotte du tertiaire. (…)
RAGEMAG

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