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A Lyon, citoyens et responsables communautaires musulmans s’inquiètent du «raidissement» de la société française vis-à-vis de l’islam.

La montée du communautarisme souvent dénoncée par les politiques, en revanche, ne préoccupe pas le père Delorme. «Dans la société qui est la nôtre, on a besoin d’un groupe pour exister».

«Tous ces fidèles qui vont sortir tout à l’heure de la mosquée après la prière, ces barbus en djellabah, ces femmes portant le foulard, ça pose évidemment questions aux gens qui nous regardent». Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon, est très conscient des réactions que peut susciter dans l’opinion publique, l’augmentation de la pratique chez les musulmans, et son extrême visibilité. «Les églises se vident et les mosquées se construisent, observe-t-il. En 1994 (date de l’inauguration de la grande mosquée de Lyon, ndlr), la salle de prière était à moitié pleine. Aujourd’hui, on déborde. A l’époque, on avait 10% de jeunes, aujourd’hui 80% ». […] En ce vendredi 26 octobre, premier jour de l’Aïd-el-Adha, principale fête du calendrier musulman, la grande mosquée de Lyon est bondée. Malgré la pluie qui tombe dru, des hommes ont installé leurs tapis de prière dans le patio à ciel ouvert. A la fin de la célébration, une volée de femmes coiffées de foulards multicolores descend l’escalier de la salle de prière qui leur est réservée. Elles aussi témoignent de ce sentiment de ne pas être aimées. «Je ne porte le voile que pour me rendre à la mosquée. Et je vois la différence dans les regards des gens» , dit l’une. «Je travaille dans le milieu hospitalier. Depuis quelques mois, trois femmes portent le foulard. J’ai entendu dans les couloir des commentaires du style «on commence à voir des voilées ici». Ca blesse. […]
Le père Christian Delorme, ex-«curé des Minguettes», quartier sensible de Vénissieux (Rhône), très investi dans le dialogue interreligieux, confirme un raidissement vis-à-vis de l’islam. […] Côté musulmans, il s’inquiète de la situation de marginalisation de toute une partie de la population de la banlieue, même si l’islam radical «reste encore très marginal». […] Lors de la visite à la grande mosquée de Lyon, le premier jour de l’Aïd, une femme a longuement attendu que ses coreligionnaires aient fini de parler à la journalistes. Toutes portaient le foulard, elle était tête nue. Algérienne, elle vit en France depuis l’enfance. Et son discours tranche avec celui, souvent victimaire, de beaucoup de musulmans. «Je trouve inacceptable de choquer les gens dans un pays qui n’est pas le nôtre, déclare-t-elle. Le Coran dit que le musulman doit se fondre dans la masse. Je suis sûre que si le prophète vivait de nos jours, il serait en costume-cravate». […] Libération

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