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La France aurait à supporter le coût le plus important si la Grèce venait à sortir de la zone euro, et à entraîner dans sa chute le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Une étude menée pour la fondation Bertelsmann tire la sonnette d’alarme en avançant des coûts faramineux.

Encore un scénario catastrophe qui donne des sueurs froides. Celui-ci provient d’une étude produite par Prognos AG, un cabinet d’études économiques allemand pour la fondation Bertelsmann. Ses auteurs affirment que, si la Grèce devait abandonner l’euro et si elle était suivie dans ce mouvement par les trois autres pays de l’union monétaire dont la situation budgétaire est la plus préoccupante -le Portugal, l’Espagne et l’Italie-, ce serait la France qui paierait le prix le plus fort. En valeur absolue, elle perdrait 2.900 milliards d’euros de produit intérieur brut. Soit plus que les Etats-Unis qui perdraient 2.845 milliards d’euros et que la Chine (-1.922 milliards d’euros), d’après des calculs réalisés par la fondation allemande Bertelsmann.

Quatre scénarios

Cette étude publiée mercredi, soit à la veille du début du sommet européen de Bruxelles, évalue quatre hypothèses. Dans la première, seule la Grèce sort de la zone euro en 2013. Dans la deuxième, le Portugal est entraîné dans cette chute. La troisième imagine que l’Espagne sort elle aussi de la zone euro.

Enfin, la quatrième, la pire, prévoit un abandon de l’euro par ces trois pays et l’Italie. Les conséquences économiques entre 2013 et 2020 pour les 42 premières économies du monde sont évaluées en fonction de chacune de ces hypothèses. Celles-ci partent de la présomption que ces sorties de la zone euro feraient perdre 60% de leurs prêts aux créanciers privés et publics de ces Etats. Elles tablent en outre sur une dévaluation de la monnaie de l’ordre de 50%. Ensuite, le coût total prend en compte d’une part les créances qui seront ainsi effacées et d’autre part le manque à gagner en termes de croissance du produit intérieur brut.

L’UE pourrait faire face à une sortie de la Grèce…

Et, à en croire cette étude, “l’Union européenne pourrait faire face à une sortie isolée de la Grèce“. Celle-ci coûterait 674 milliards d’euros à l’ensemble des économies étudiées, dont 164 milliards pour la Grèce seule qui serait, dès lors, la plus affectée.

…mais pas des trois autres

Seulement, les auteurs de ce rapport estiment une telle éventualité peu probable. Ils prévoient plutôt qu’une réaction en chaîne s’ensuivrait. Un “Grexit“, selon eux, ébranlerait la confiance dans les marchés des capitaux portugais, espagnols et italiens, et en conséquence, provoquerait non seulement le défaut de ces Etats mais également une récession mondiale.

Coût global du pire scénario: 17.200 milliards d’euros

Au niveau global, ce scénario du pire coûterait 17.200 milliards d’euros aux 42 pays étudiés, à l’horizon 2020. Un chiffre monumental, qui dépasserait même la dette publique américaine (qui dépasse 16.000 milliards de dollars). Selon les auteurs de cette étude, le fait de devoir effacer une partie de la dette de ces quatre pays pèserait lourd dans le budget de nombre d’Etats. Il s’ensuivrait alors des politiques de rigueur économique, avec des coupes budgétaires et des hausses d’impôts qui pèseraient sur la croissance. La perte de confiance se ferait en outre ressentir sur la consommation des ménages et des entreprises. Et les échanges commerciaux en souffriraient. “La France serait frappée de façon particulièrement forte par l’éventualité d’un défaut de paiement de l’Italie et sa sortie de la zone euro, en raison des larges prêts accordés par les banques françaises à l’Italie“, précise le document.

Un appel aux dirigeants politiques

Cette étude sert surtout de support pour lancer un message clair aux dirigeants politiques, dont certains sont réunis depuis ce jeudi à Bruxelles pour tenter de mettre en place une union bancaire européenne. Le risque est grand selon eux qu’une sortie de la Grèce de la zone euro fasse boule de neige et conduise le Portugal, l’Espagne et l’Italie à faire de même. A leurs yeux, cela entraînerait une instabilité non seulement économique mais aussi politique et sociale. Ils demandent dès lors à “la communauté internationale des Etats -pas seulement européens- [de] faire tous les efforts nécessaires pour éviter un tel développement“.

La Tribune

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