Fdesouche

Nancy
La liberté ne tient parfois pas à grand-chose. Un détenu du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville peut en témoigner. Il lui a suffi de tirer le bon numéro pour réussir à s’évader en toute légalité. Explications.
L’homme, âgé d’une trentaine d’années et originaire de Metz, a déjà été condamné deux fois pour infraction à la législation sur les produits stupéfiants. Il y a environ un an et demi, il a de nouveau plongé. Toujours pour la même chose. Trafic d’héroïne.

Il a été interpellé en mai 2011 en Belgique au terme d’une minutieuse enquête des policiers français. Il a fallu utiliser les grands moyens pour le faire tomber : filature avec balises posées sur sa voiture et flics infiltrés.

Egalement soupçonné, son frère a réussi à s’enfuir et il serait en cavale en Turquie. Lui, s’est fait passer les menottes. Et lors de son interpellation, un kilo d’héroïne et 500 grammes de cocaïne ont été saisis dans une voiture.
Depuis son arrestation, il attend patiemment derrière les barreaux du centre pénitentiaire de Nancy la date de son procès qui pourrait avoir lieu en décembre prochain à Metz. Régulièrement, un juge des libertés messin prolonge sa détention provisoire. La dernière fois, c’était le 4 novembre 2011.
Un 4 au lieu d’un 6
Le juge l’a maintenu en prison pour 4 mois supplémentaires. Ce jour-là, le trafiquant présumé était seul. Sans son avocat. « Je n’étais pas au courant de l’audience. Je l’ai appris le lendemain par fax », confirme ce dernier, « et sur le coup, j’ai cru que c’était une erreur de ma secrétaire qui avait oublié de noter la date. J’ai commencé à lui passer un savon. Mais elle m’a assuré que nous n’avions jamais reçu de convocation ».
Une convocation lui a pourtant bien été faxée… Il ne l’a jamais reçu. Pour une raison toute bête : « Mon numéro de fax se termine par 67. Or le tribunal de Metz a fait le 47. Le fax a donc été envoyé à quelqu’un d’autre », explique le conseil du trafiquant présumé.
Une simple erreur de numéro. Un 4 au lieu d’un 6. Et les conséquences sont énormes : « C’est une question de principe. L’absence de convocation de l’avocat est une violation gravissime des droits de la défense et cela rend nulle l’ordonnance de prolongation de détention provisoire. Celle-ci aurait dû prendre effet le 15 octobre à minuit. Comme elle n’est plus valable, mon client ne pouvait plus rester en prison à partir de cette date. Sinon cela devenait une détention arbitraire », indique l’avocat. Imparable. Le juge d’instruction en charge du dossier de stup a dû remettre dehors le trafiquant présumé qui a pu quitter sa cellule mardi, dans l’après-midi.

On imagine les grincements de dents des policiers qui se sont démenés pour le pister et l’interpeller.

« Je n’ai pas fait de crise d’urticaire. J’ai pris acte de sa remise en liberté… Mais l’affaire n’est pas terminée », a réagi, pour sa part, le procureur messin. Les comptes pourraient en effet se régler lors du futur procès de l’affaire. Encore faut-il que le trafiquant présumé ne disparaisse pas dans la nature. « Il assume et je suis certain qu’il sera là lors de son procès », assure son avocat. Réponse dans les semaines à venir.
Vosges Matin

Fdesouche sur les réseaux sociaux