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Les changements d’humeur de la société française sont amusants : après le déferlement de haine raciale qui suit un évènement quelconque – les caricatures islamophobes de Charlie Hebdo ou la manifestation de 150 « salafistes » à Paris –, vient le temps de la réconciliation.
On nous présente alors la dernière enquête de l’Insee, supposée rassurer les Français blancs : les enfants d’immigrés maghrébins et africains « se sentent bien français », ils sont mariés avec des conjoints bien français-e-s, et sont en voie d’oublier leur culture d’origine et notamment la langue de leurs ancêtres.

On vérifie que la machine à assimiler fait son travail : l’éradication des cultures minoritaires non-occidentales.

Pour appuyer ce propos, on reprend les témoignages, dramatiquement homogènes, de Karim, Abdoulaye ou Fatima qui montrent « patte blanche » : ils ont délaissé leur culture d’origine et aiment la mère patrie en dehors de laquelle ils n’ont aucun avenir, en dépit du racisme.
Ces « modèles d’intégration » prouvent, par définition, que tous les autres sont des antimodèles : ceux qui échouent à l’école, finissent en prison et se définissent arabes ou africains. Ceux-là sont les barbares.

Et je suis l’un d’entre eux. Né en France de parents immigrés, je me sens définitivement arabe.

Pourtant, les injonctions à l’assimilation furent légion sur la longue route de la « méritocratie » républicaine. Au fur et à mesure que l’on grimpe dans la hiérarchie scolaire et sociale, les basanés se font de moins en moins nombreux.
Non pas que la compagnie des Blancs ne soit pas chaleureuse – je compte parmi mes meilleurs amis de nombreux Blancs. Les individus ne sont pas ici en cause. Mais leur attitude collective est souvent harassante.
Certains cachent mal leur malaise face à la présence d’un Arabe et se sentent obligés de détendre l’atmosphère avec… des blagues racistes.
D’autres révéleront leur « européocentrisme » lors de discussions ou remarques parfois anodines sur la laïcité, les « quartiers » ou la « délinquance ».

L’Arabe est alors dans une position délicate : s’il ne sourit ou n’approuve pas, il est exclu du groupe. Mais s’il approuve, il trahit les siens, absents de la scène.

Partout, les Blancs le poussent à se démarquer des « autres », à exprimer le reniement de son arabité. Il lui faut démontrer que lui, l’Arabe civilisé, il n’est pas comme eux, les barbares. (…)
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