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Entraîneur de l’équipe de France des sans-abris, Boris Mirakian devait accompagner ses joueurs à Mexico. Faute de titre de séjour valable, l’éducateur sportif géorgien suit la Coupe du monde sur YouTube. (…)

« J’ai un numéro de sécurité sociale, je paye mes impôts… »

Le lendemain du départ pour Mexico, la préfecture de Caen a appelé Boris pour qu’il vienne retirer un titre de voyage, sésame délivré exceptionnellement. Un jour trop tard.

« J’ai un numéro de sécurité sociale, je paye mes impôts… C’est mon permis de conduire qui me sauve la plupart du temps.
Si vous avez votre permis et un numéro de sécurité sociale, vous pouvez bosser sans problème parce que, du coup, vous n’avez pas besoin de présenter le titre de séjour. »

Boris a même réussi à travailler deux ans sans régulariser sa situation. La police ne lui cause pas d’ennuis. Les gendarmes arrêtent parfois sa voiture pour des contrôles de routine, et tiquent sur le lieu de naissance noté sur le permis : Tbilissi, la capitale géorgienne.
Pour Boris, l’impossibilité de partir à Mexico est une mésaventure de plus dans l’histoire cahoteuse qui est la sienne. Celle d’un exilé des confins de l’Europe déstabilisés par la fin du communisme.
Père garagiste, mère infirmière, la famille Mirakian, aux racines arméniennes, s’est établie en Géorgie. Boris se remémore :

« On vivait très bien, il y avait une solidarité entre les communautés. On trouvait des Grecs, des Russes, des Arméniens, des juifs…
Après la chute de l’URSS, la Géorgie a commencé à connaître des problèmes de racisme, d’exclusion. Les Géorgiens se révoltaient contre les immigrés, tu voyais les voisins changer d’attitude. Beaucoup de gens sont partis. »

Le père évite alors la maison et les descentes de police, puis fuit vers la Russie nouvelle, vite suivi par le reste de a famille.
Qui ne s’attarde pas : traversant l’Ukraine, la Pologne et l’Allemagne, elle décroche un visa pour la France. Les Mirakian s’arrêtent enfin à Caen (…)
Rue 89

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