Fdesouche

Asma Guénifi, présidente de «Ni Putes ni soumises», constate une montée préoccupante du communautarisme.

On commémorait jeudi à Vitry-sur-Seine le triste dixième anniversaire de la mort de Sohane Benziane, immolée par son ex-petit ami au bas d’un immeuble. Asma Guénifi est depuis décembre 2011 présidente de l’association « Ni putes ni soumises », née à la suite de cet événement qui a éclairé la condition de certaines femmes des quartiers dits «sensibles».

[…] La situation des femmes en banlieue a évolué mais quels problèmes persistent pour elles aujourd’hui ?
Le principal problème reste le retour au communautarisme. On voit de plus en plus de femmes voilées, sans qu’aucune mesure ne soit prise. La réponse c’est la laïcité. Dans certaines banlieues, elle n’est pas respectée. Et on donne une mauvaise explication aux jeunes, selon laquelle la laïcité agit contre la religion, notamment contre l’islam. Il y a un travail pédagogique très important à faire : informer sur les dangers de l’intégrisme, et être présent pour imposer la laïcité.
En 2002, un « livre blanc des femmes de quartiers » rassemblait des témoignages recueillis par la Fédération nationale des Maisons des potes. Certains évoquaient des « pressions familiales et communautaires énormes ». Recueille-t-on ce même type de témoignages aujourd’hui ?
On a aujourd’hui encore ces témoignages. La pression familiale et la tension communautaire existent toujours. Même, le communautarisme augmente, comme on le voit dans les témoignages des filles. Selon ceux-ci, la pression de la famille, de la communauté est encore présente, même si elle l’est moins qu’avant, grâce à la libération de la parole. On peut lire dans la montée de l’intégrisme et du nombre de femmes voilées un retour vers l’oppression de la femme. Car les premières victimes de la montée de l’intégrisme dans les quartiers populaires sont les femmes.
Dans l’espace public, dans la rue, le bus ou les centres commerciaux, certaines femmes racontaient il y a dix ans qu’elles devaient faire profil bas, adopter le voile pour se sentir plus respectée, ou le survêtement. Est-ce toujours le cas ?
C’est plus le cas pour le voile que pour le survêtement. Il y a eu une évolution incontestable : dans les rues, les filles portent plus de jupes, de robes. Mais il y a également eu ces dix dernières années une montée du foulard, pour pouvoir échapper au regard. C’est pourquoi on centre notre action sur l’éducation : les filles doivent échapper à l’oppression religieuse. Dans nos interventions à l’école, on essaie aussi d’éduquer sur le rapport filles-garçons. […] Libération

Fdesouche sur les réseaux sociaux