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Il s’apprêtait à retirer de l’argent quand il a remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. La fente dans laquelle il a introduit sa carte bancaire « bougeait » un peu trop à son goût…

C’est grâce à la perspicacité de ce Nancéien que le SRPJ de Nancy a pu mettre la main, jeudi 20 septembre, sur quatre personnes soupçonnées d’avoir installé un dispositif de « skimming » sur un distributeur de billets de Nancy, dans le quartier de la place des Vosges.
« Il a aussitôt alerté la banque qui nous a avisés sans perdre de temps. Et surtout, sans rien toucher », raconte le directeur du SRPJ de Nancy Alain Couic. « Nous avons dépêché sur place une équipe de l’Identité judiciaire pour effectuer des relevées ainsi qu’une équipe de la Division économique et financière qui a examiné le dispositif. Apparemment, le système venait d’être posé ».
Le dispositif ? Une discrète réglette installée sur la partie supérieure munie d’une minicaméra braquée sur le clavier. Et un lecteur dissimulé derrière la fente.
Les policiers se sont donc contentés de se « planquer » et d’attendre. Bingo : une demi-heure plus tard, un homme s’approche du distributeur qu’il examine avec circonspection et téléphone avec son portable tout en se dirigeant vers une automobile immatriculée en Grande Bretagne. La voiture et ses deux passagers sont alors pris en filature « jusqu’au parking d’une grande surface de l’agglomération ». Avant d’être interpellés. Dans la foulée, les policiers décident d’aller faire un tour dans l’hôtel le plus proche. Et encore bingo : c’est là que les suspects « résident » avec deux autres complices. Tous sont de nationalité bulgare et originaires de la même ville : Varna.
Si la fouille de la chambre n’a rien donné, les policiers ont découvert d’autres dispositifs de skimming dissimulés derrière la garniture du coffre : quatre réglettes équipées de minicaméras, cinq lecteurs de carte, des composants électroniques et des clefs USB. Les techniciens du SRITT (Service régional de l’informatique et des traces technologiques) qui ont exploité ces éléments ont pu visionner quelques-uns des films tournés avec les mini-caméras.
« Nous pensons qu’il s’agit d’une équipe chargée de la pose et du piratage. Les retraits des comptes piratés sont effectués depuis l’étranger : le Pérou, les USA, la Russie. »
Depuis quand sont-ils à l’œuvre, combien de DAB ont-ils déjà piégé ? C’est l’objet de l’information judiciaire ouverte par le parquet de Nancy.
Les quatre hommes âgés de 21, 23, 31 et 38 ans sont restés muets durant les 96 heures de leur garde à vue. Lundi, ils étaient déferrés et présentés à un juge d’instruction qui leur a notifié leur mise en examen pour « détention d’équipement, d’instrument ou de programme informatique ou de données conçus et adaptés pour la contrefaçon d’instrument de paiement en bande organisée » et pour « tentative et escroquerie en bande organisée ».

Ce type de délinquance connaît ces derniers temps une recrudescence qui inquiète les services de police. Les délinquants bulgares semblent en avoir fait une spécialité.
En novembre 2011, deux ressortissants bulgares avaient été interpellés en flagrant délit dans un hôtel de Metz. Ils avaient piégé un distributeur à Jarny. En mars dernier, les Douanes arrêtaient dans un train un Bulgare qui transportait du matériel de skimming. En juin, la Sécurité publique de Metz en interpellait encore trois…

« Le phénomène monte en puissance mais nous y sommes très attentifs ».
Vosges Matin

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