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Hier, l’ancien ministre Pierre Joxe, reconverti dans la défense des enfants, donnait une conférence à Nîmes. Rencontre.
Midi Libre : Dans votre dernier ouvrage “Pas de quartiers !…” , vous accusez le gouvernement Sarkozy d’avoir démoli la justice des mineurs. Selon vous, elle a perdu son âme et sa spécificité de 1945… Dans quel sens ?
Ce n’est pas une impression, mais un constat : depuis 2002, on a vu tout un tas de lois écorner et démolir les règles de cette ordonnance qui consiste à considérer un droit spécial pour les mineurs. Par exemple, on a vu apparaître des tribunaux correctionnels pour mineurs, qui ressemblent au tribunal correctionnel comme un petit frère ! Ou encore la peine plancher qui oblige certains magistrats à avoir recours à une peine de prison. Cela montrait la volonté de baisser la majorité pénale de 18 ans à 16 ans, c’est catastrophique. Or, De Gaulle, lui, disait : il faut protéger les mineurs y compris les mineurs délinquants.
Pourquoi, selon vous, le président Sarkozy a-t-il voulu revoir cette justice-là ?
C’est une question plus philosophique que politique. Il s’est amusé à faire peur pour mettre en avant sa capacité à mettre en sécurité les Français mais c’est une imposture : la délinquance a largement augmenté sous son mandat !
Vous dites que 80 % des enfants qui passent devant la justice des mineurs ne réitèrent jamais, ce qui tendrait néanmoins à prouver son efficacité ?
Oui, c’est assez efficace mais on peut faire mieux, comme au Québec par exemple qui atteint le niveau de 90 %, avec des moyens en personnels spécialisés. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les grands voyous ont tous été des petits voyous mais les petits voyous ne deviendront pas tous des bandits. Ils seront même infiniment peu nombreux.
Sentez-vous le gouvernement actuel et la ministre Christiane Taubira prêts à agir sur le sujet ?
Christiane Taubira va abroger un certain nombre de textes et son ministère va bénéficier de moyens supplémentaires, c’est ce qu’elle a annoncé il y a deux mois devant des magistrats et des éducateurs spécialisés et elle a été longuement applaudie. C’est vrai que le gouvernement Hollande peut aussi parler d’incarcération, car cela peut parfois être salutaire.
À Nîmes, il existe désormais un EPPOO, établissement de placement provisoire d’observation et d’orientation. Qu’en pensez-vous ?
Peu importe le nom, je n’ai aucun préjugé sur les institutions. La question est de savoir s’il y a le personnel suffisant et formé, capable de ramener dans le droit chemin des garçons (le plus souvent) âgés de 15 à 18 ans. Il est préférable d’avoir recours à un travail éducatif et le plus rarement possible à la prison. Les jeunes délinquants ont besoin de protection.
Midi Libre

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